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Live reports / 08.12.2015

Leela James + Urban Groove Unit

Face à une audience dense et réceptive, la Urban Groove Unit donne pleinement sens aux trois mots qui forment son nom. Emmené par l'aplomb vocal de Laetitia N'Diaye et la guitare saillante de James Startt l'octet parisien joue serré et aéré ; sa soul gorgée de funk respire l'envie et l'expérience. Première partie oblige, le set est court et focalise sur des compositions, notamment leurs deux derniers singles en date, Truthful et Move your mess around. Relevée par deux souffleurs (ténor et trombone), épicée de bongos et de claviers, la sauce prend tout du long en s'appuyant sur le liant d'une section rythmique parfaitement huilée. Et pas de souci pour reprendre Roberta Flack (Feel like making love). On guette la sortie de leur premier EP et on retournera les voir.

 


Gérard Berruet, Xavier Desjours, Laetitia N'Diaye, James Startt

 


Paul de Rémusat, Valentin Couineau, Gérard Berruet

 


Laetitia N'Diaye, James Startt

 

Les planches sont donc bien chaudes pour recevoir la star du soir. Crinière et gorge déployées, Leela James déboule en force. Batterie en acier trempé, directeur musical derrière une bardée de claviers, paire de choristes en soutien, basse et guitare recrutées outre-Manche et bien intégrées. La machine carbure et la patronne enchaîne crochets et uppercuts vocaux. Du très musclé, un peu pesant, et diablement efficace. Ses morceaux les plus récents, tirés de l'excellent “Fall For You”, sont à l'honneur, tel ce Who's gonna love you et son synthé en cascade façon Yarbrough & Peoples ou ce puissant So good qui ce soir oscille entre bounce tranquille et riff bien gras.

 


Leela James

 

 

 

Telle une bouffée d'air, une courte sortie de scène laisse ensuite place à davantage de nuances. À commencer par Music, son hymne de dix ans d'âge qui permet à Leela James de réitérer sa déclaration d'amour à la soul et à ses grandes voix, ces « sangers » qui donnent tout comme si c'était la dernière fois. Comme elle, qui sort ses tripes sur du James Brown (It's a man's man's man's world) et sur des perles de son cru, anciennes (le groove rampant de Soul food, sa très attendue appropriation de Don't speak, tube de No Doubt, habilement mêlé à Killing me softly) et nouvelles (l'entêtant Set me free, la ballade poignante Fall for you). Tout cela s'achève en dancefloor ouvert sur scène au son d'un Party all night particulièrement grisant. Voilà comment, à 32 ans (et enceinte de cinq mois, d'où le tabouret), une tornade de soulwoman a de nouveau fait chavirer Paris.

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious