;
Live reports / 03.05.2017

Kirk Fletcher, Stagger Lee, Djüdjü

Les Nuits du Blues ne sont pas fréquentes à Saint-Nazaire, aussi l’affiche annoncée il y a quelques semaines est alléchante. En première partie, le duo Djüdjü avec Lu Divine au chant et Yann Cuyeu à la guitare installe un climat folk soul épuré qui passe bien dans une salle qu’on aurait pu penser un peu trop grande pour ça. Le talent l’emporte avec la belle voix claire de Lu Divine, son aura et son sourire lumineux. À la guitare acoustique, Yann Cuyeu est tout en suggestion, très rythmée, avec des silences sur des temps que le public trouve et marque tout seul en dansant.

 


Lu Divine

 


Yann Cuyeu

 

C’est ensuite Stagger Lee qui officie et, encore une fois, ce sera grandiose. Arnaud Fradin, chant et guitare, Thomas Troussier, harmonica, Max Genouel, guitare, Miguel Hamoum, basse, et Fabrice Bessouat, batterie, sont en forme et généreux. Arnaud Fradin assume son rôle de leader, vocalement et musicalement mais aussi “managérialement” car il laisse une bonne place aux autres, en particulier au plus jeune membre du groupe, Max Genouel dont la guitare est en vedette dès l’instrumental jump d’ouverture. La suite sera un festival de bon goût, savamment dosé entre shuffles et autres rythmes, avec des temps forts en nombre dont une très belle reprise de I’ll take care of you au cours de laquelle on ne sait quoi le plus admirer entre la superbe rythmique de Max et le solo d’Arnaud. Tout du long, Thomas Troussier joue avec ce son chaud qui le caractérise tandis que Miguel et Fabrice rythment l’ensemble avec une souplesse et une sobriété remarquables. En rappel, c’est Mother in law blues, une sorte de boucle temporelle pour moi qui ai fait connaissance d’Arnaud en 1999 avec le premier disque de Malted Milk dont ce titre était justement le sommet.

 


Arnaud Fradin

 


Max Genouel

 


Thomas Troussier

 


Miguel Hamoum

 


Fabrice Bessouat

 

La vedette de la soirée est Kirk Fletcher, déjà presque légendaire tant ses prestations à la guitare, sous son nom, avec les Fabulous Thunderbirds ou les Mannish Boys ont enthousiasmé les amateurs. Il est à la hauteur de sa réputation, avec une présence imposante, humble, souriante, un jeu de guitare étincelant, une technique qu’on devine immense et capable de toutes les prouesses, mais l’homme sait la mettre au service exclusif du feeling en évitant tout débordement. Il ouvre avec le superbe Blues for Boo Boo, qu’il fait suivre d’un autre instrumental plus dur, soulignant que c’est d’abord comme guitariste qu’il s’est fait connaître et qu’il n’a pas commencé à chanter avant une bonne dizaine d’années d’activité. C’est ce qu’il fait sur le troisième titre, un soul blues en rythme médian. Sa voix est posée, plutôt douce, et l’ensemble passe très bien.

 


Kirk Fletcher, Fabrice Bessouat

 


Cédric Le Goff

 

C’est aussi l’occasion pour Cédric Le Goff, organiste de la tournée, de montrer qu’il est présent et pas pour faire de la figuration. Tous ses solos seront des moments forts. Sur ce titre, Kirk confie également un solo de batterie à Fabrice Bessouat. Il ne manque que le bassiste et celui-ci, le fantasque Kris Jefferson, aura son solo sur le titre d’après, l’instrumental Natural anthem. Puis Kirk invite Thomas Troussier pour deux titres blues, dont un shuffle à la Jimmy Reed, sur lesquels les deux solistes duellisent de façon très “goûtue” ! Kirk est de nouveau seul sur I’m in love avec un très beau solo de guitare. Il fait ensuite ce que tout le monde attendait, en invitant Arnaud Fradin sur scène, accompagné de Max Genouel. Sur le premier blues partagé ensemble, Arnaud casse une corde. Sur le deuxième c’est Max ! Cela ne les empêche pas de se montrer à la hauteur de leur hôte avec de somptueux échanges. Ils sont gentiment challengés par Kirk qui est sans cesse à la relance avant de prendre ses propres parties. En clôture Let me have it all permet à Kirk de solliciter Arnaud dans le registre funky blues qu’il maîtrise, le soutenant via un riff grondant du meilleur effet. C’est rassasié et heureux qu’on prend la route du retour.

Texte et photos : Christophe Mourot

 


Kirk Fletcher, Arnaud Fradin

 


Kris Jefferson