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Live reports / 13.12.2016

Kindred The Family Soul, Trina Broussard, Julie Dexter

Affiche de luxe, en forme de revue soul à l’ancienne – un seul orchestre, composé de musiciens habitués des lieux (qui n’ont hélas pas été présentés), pour accompagner tout le monde, sans temps mort sinon un court entracte –, pour une belle soirée comme le Bizz’Art en a, à peu de choses près, l’exclusivité en région parisienne…

C’est l’Anglaise désormais installée à Atlanta Julie Dexter qui ouvre le programme. Avec quatre albums personnels à son crédit, il est un peu frustrant de voir qu’elle n’a que deux chansons pour convaincre, mais c’est assez pour donner envie de l’entendre plus longuement.

 


Julie Dexter

 


Julie Dexter

 

Trina Broussard, qui lui succède, a connu un beau début de carrière à la fin des années 1990 et au début des années 2000, avec un album publié sur Motown, une belle réputation en tant que choriste – Bobby Brown, Toni Braxton, Al Jarreau, Rahsaan Patterson, India.Arie ont fait appel à ses services – et l’enregistrement d’une de ses compositions par Aretha Franklin, mais n’a pas réussi à confirmer dans la décennie suivante… Là où Julie Dexter avait immédiatement convaincu par son enthousiasme et son évident plaisir à chanter, elle semble très mal à l’aise sur scène, se plaignant en particulier d’une chaleur qu’elle semble la seule à éprouver. Sa prestation d’une demi-heure, qui reprend quelques titres de ses albums ainsi que son dernier single, Adieu, peine à décoller et il faut attendre le final, avec la reprise du Inside my love de Minnie Ripperton (une composition du grand Leon Ware) qui lui avait permis de se faire remarquer il y a maintenant presque vingt ans, pour qu’elle parvienne enfin, un peu tard, à se connecter avec le public.

 


Trina Broussard

 


Trina Broussard

 

Pas de difficulté de ce genre avec Kindred The Family Soul. Le couple est désormais habitué de la scène du Bizz’Art, où il se produit régulièrement devant un public qui sait quoi attendre d’eux. Ensemble depuis dix-huit ans, avec six enfants et six albums à leur crédit, le duo formé à la scène comme à la ville par Fatin Dantzler et Aja Graydon peut être considéré comme la réponse des années 2000 à Ashford et Simpson. Découverts à Philadelphie par Jill Scott au début du siècle, ils s’inscrivent dans la continuité de la tradition des duos mixtes qui remonte au moins – dans une version plus adolescente – à Shirley & Lee et dans laquelle on croise, entre autres, Marvin Gaye et Tami Terrell ou Peaches & Herb. Sur scène, leur complicité est flagrante, et Fatin Dantzler n’hésite pas à lancer un « That’s my girl! » retentissant lorsque Aja Graydon se lance seule. Mais c’est de la combinaison de leurs deux voix, celle plus rauque de Dantzler qui n’hésite pas se lancer dans une scansion proche du hip-hop, celle plus harmonieuse et chaleureuse de Graydon, qui crée réellement la magie. Le répertoire emprunte à leurs différents disques, y compris le tout récent “Legacy Of Love” pour All my people et Welcome to my world.

 


Fatin Dantzler

 


Aja Graydon

 


Fatin Dantzler, Aja Graydon

 

Les tubes sont évidemment de la partie, mais quand un spectateur demande House of love, hors du programme établi, Graydon se lance a cappella, avec l’aide du public lorsque les paroles lui échappent, rejointe dès le deuxième couplet par des musiciens très à l’écoute… L’amour est de toute façon le grand sujet des morceaux de Kindred, et c’est en toute logique que le duo invite un couple qui s’est fiancé le jour même à venir danser sur scène ! Le tout s’arrête un peu brutalement – sans rappel – au bout d’une heure, alors qu’on aurait volontiers prolongé encore le plaisir… Espérons que les scènes françaises les accueillent bientôt à nouveau – pas seulement à Paris ! – et qu’ils puissent venir un de ces jours avec leur propre orchestre.

Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious

 


Fatin Dantzler, Aja Graydon

 


Fatin Dantzler, Aja Graydon