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Live reports / 19.01.2015

Karl W. Davis & the Sweetpeas

Arrivés ensemble tous les dix, Karl W. Davis et les Sweetpeas viennent de se lancer dans Love TKO. La surprise cède vite place à l'admiration. Cuivres, chœurs, Hammond, tout est savamment dosé, à l'instar de la voix souple et tonique du leader, pour faire honneur à la ballade savoureuse de Teddy Pendergrass. Tant d'assurance en dit long sur la qualité d'un groupe qui, des deux côtés de l'Atlantique, a ces dernières années acquis un sacré savoir-faire en matière de soul trempée dans le funk et le blues. Avec pour socle le tandem Fabrice Bessouat-Jeff Vincendeau et la guitare alerte et tout-terrain de Yann Cuyeu, la troupe embraye sur Steppin' out (Syl Johnson, période Hi) et sa salve de cuivres millésimée avant de livrer un Walking on a tightrope bien senti bien funky, ce titre de Percy Mayfield qu'avait si bien habité en son temps Johnny Adams, une des références vocales de Karl.

 


Nicolas Mary, Marguerite Lorenzi, Julie Dumoulin, Karl W. Davis, Fabrice Bessouat, Jeff Vincendeau

 


Karl W. Davis, Tommy Schneller, Franck Bougier, Dieter Kuhlmann

 

Boostés par ce répertoire de premier choix, les voilà qui attaquent leurs propres compositions, prolongements directs de leurs sources d'inspiration dont on avait pu goûter les qualités d'écriture – des textes aux arrangements – sur le très recommandable EP “It's High Time” (voir Soul Bag n° 214). La chanson titre ouvre le bal d'un tiercé prenant : You can't keep a good man down lui emboîte le pas avant que le tempo s'apaise lors d'un Rumor mill qui flanque des frissons, Karl W. Davis laissant alors libre cours à sa fougue héritée des églises de sa Géorgie natale. Montée en puissance des cuivres rugissants, coups de gorge dignes d'Otis Redding et surtout résolution de tension tout en retenue. Du grand art et un grand set que viendra conclure un peu plus tard une excellente appropriation d'Eyes on the prize. L'aura de la famille Staple investit le jazz club.

 


Karl W. Davis, Jeff Vincendeau, Yann Cuyeu, Tommy Schneller

 

Davantage de champ libre sera laissé aux acolytes lors du deuxième set (introduit par Tell me something good avec Julie Dumoulin dans le rôle de Chaka Khan), sans jamais que l'entente et le plaisir de jouer manquent à l'appel même un court instant. La marque des formations appelées à durer, comme les grands frères Dap-Kings.

Texte et photos : Nicolas Teurnier