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Live reports / 03.12.2019

Judith Hill, New Morning, Paris

12 novembre 2019.

Choriste de luxe pour, entre autres, Michael Jackson, Rod Stewart ou Elton John (elle apparait dans le documentaire 20 Feet from Stardom), protégée de Prince qui produit en 2015 son premier album, “Back In Time”, Judith Hill pourrait se contenter de jouer sur ses acquis. Depuis la parution de ses deux albums, cependant, la chanteuse a réussi à se créer son propre public, et c’est un New Morning très bien rempli qui l’attend, à peine plus d’un an après une première visite dans les lieux qui avait enthousiasmé Soul Bag. Depuis cette date, elle a sorti un deuxième disque, et c’est son propre répertoire qui occupe la quasi-totalité des deux sets, entre soul et funk. Très marquées par l’empreinte poly-instrumentiste de Prince, les chansons du premier album gagnent dans leur déclinaison live une plus grande profondeur et un impact renforcé : la ballade Back in time déploie dans ce format tout son potentiel deep soul, tandis que Cry, cry, cry s’autorise une plongée dans le blues, renforcée par une spectaculaire solo de guitare. Sur ces deux titres, Judith Hill, qui joue de la guitare sur plusieurs morceaux, profite du piano de New Morning pour ajouter une touche acoustique supplémentaire à sa musique. 

Moins connues, faute de parrainage prestigieux, les chansons du deuxième album n’en sont pas moins convaincantes, de You can’t blame me, avec sa montée progressive en intensité au funk princier de The Pepper club. Quelques titres inédits, amorce peut-être d’un nouveau disque, viennent compléter le programme – le très dansant Upside, la ballade théâtrale I’m beautiful. Deux reprises s’ajoutent : un emprunt princier peu évident, 3121, et un hommage à Bill Withers avec Use me, Hill ayant eu l’occasion de le rencontrer récemment à l’occasion d’un concert. S’y ajoutent quelques clins d’œil en fin de show avec de brefs passages du Love rollercaster des Ohio Players, souvent repris sur scène par Prince, de Don’t stop ‘till you get enough de Michael Jackson et du Musicology de Prince. 

Judith Hill

Charismatique, dotée de capacités vocales exceptionnelles dont elle n’abuse pas, pertinente à la guitare comme au piano, autrice de la quasi-totalité du répertoire, Judith Hill est évidemment la star de la soirée, mais elle peut s’appuyer sur un quartet impressionnant de groove – sans doute un des meilleurs orchestres de scène que j’ai jamais vus – qui présente la singularité d’accueillir les deux parents de la vedette : sa mère, Michiko Hill,  entendue chez Wayne Shorter ou Mandrill entre autres,  aux claviers – je ne pense pas avoir entendu auparavant l’interpellation « solo, maman ! » – et son père Robert Lee Hill, accompagnateur de Billy Preston et Thelma Houston, à la basse. S’y ajoutent le batteur Donnell Spencer Jr., qui a travaillé notamment avec Jody Watley, El DeBarge, Stevie Wonder, Anita Baker et Chaka Khan, et le guitariste Greg Moore, membre occasionnel de Earth, Wind & Fire et partenaire sur disque de Roy Ayers, Janet Jackson, Patrice Rushen, Anita Baker, Stevie Wonder, les Temptations, Maxwell et même Kendrick Lamar… Les cuivres des Horn Dogz, habitués des scènes françaises, apportent également leur contribution bienvenue sur deux titres. L’ensemble donne un superbe concert – encore amélioré par un public à la hauteur ! Reste à espérer que Hill aura la possibilité de présenter rapidement sa musique plus largement sur les scènes françaises. 

Robert Lee Hill
Donnell Spencer Jr.
Greg Moore

Texte : Frédéric Adrian
Photos © J-M Rock’n’Blues
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