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Live reports / 06.04.2017

Jubilé Black & Blue

Un mot sur l’histoire de Black and Blue. L’aventure débute en 1967 par un album de Milt Buckner et Buddy Tate produit aux Studios Pathé-Marconi par le disquaire bordelais Jean-Marie Monestier. Les choses prennent de l’ampleur avec l’arrivée en 1973 de Jean-Pierre Tahmazian qui devient son associé. Cette belle équipe se trouve renforcée avec l’arrivée de Jean-Pierre Vignola en 1976, rejoint, un an plus tard, par Didier Tricard. À une époque où les magazines de jazz s’ouvrent au free jazz, les dirigeants de Black & Blue enregistrent les musiciens américains qui se produisent dans les tournées qu’ils mettent sur pied. Parmi eux, figurent Lionel Hampton, Arnett Cobb, Illinois Jacquet, Earl Hines, Teddy Wilson, Jay McShann, Jimmy Rowles, Hank Jones, Harry Edison, John Lee Hooker, Illinois Jacquet, Helen Humes, Carrie Smith… À cette liste s’ajoutent des bluesmen (Otis Rush, Lonnie Brooks, Luther Allison, Memphis Slim…) et des musiciens français comme Gérard Badini, Guy Lafitte, Stéphane Grappelli… Aujourd’hui, la compagnie Black and Blue reste dans l’actualité en produisant des albums de Rhoda Scott, Mourad Benhammou, Pierre Christophe, David Sauzay, Philippe Duchemin, Fred Nardin, Julie Saury, les Voice Messengers, Claude Tissendier, Laurent Marode, Cedric Chauveau, Jeremy Bruger, Ramona Horvath, Cecil L. Recchia, Hugo Lippi, Frédéric Loiseau, Jean-Pierre Bertrand, Jean-Paul Amouroux, Jean-Philippe Bordier, Dany Doriz.

La soirée du Jazz Club Étoile Paris a débuté avec le pianiste Philippe Duchemin accompagné par Christophe Le Van à la contrebasse et son frère Philippe à la batterie. Rodé de longue date, le trio fonctionne à merveille (Fly me to the moon). Éclectique et bien construit, le répertoire évoque Jean-Sébastien Bach (Take Back) et Oscar Peterson (Hymn to freedom), tout en proposant des compositions de Michel Petrucciani et Chick Corea (Armando’s rumba).

 


Philippe Duchemin

 


Philippe Le Van

 


Christophe Le Van

 


Philippe Duchemin

 

La scène fut ensuite occupée par le septette de François Biensan dont le répertoire, largement consacré à des classiques de Count Basie et Duke Ellington, évoque l’esprit des séances Black & Blue. Rompus à ce genre d’exercice, François Biensan (tp) et Patrick Bacqueville (tb) signèrent des solos de belle facture dans Dickie’s dream et Just squeeze me. Dans Lester leaps in, le saxophoniste ténor Michel Pastre a évoqué Lester Young d’une manière toute personnelle. Son solo dans Dutch kitchen bounce, une composition d’Arnett Cobb, fut aussi remarquable. Voici des musiciens qui ont su bâtir leur style propre à partir d’influences bien assimilées sans copier personne.

 


François Biensan

 


Michel Pastre

 



François Laudet, Patrick Bacqueville

 

Le guitariste Stan Noubar Pacha, habitué à jouer dans un contexte plus strictement blues, s’est très bien intégré à la section rythmique en apportant une note originale. Ciselés avec autorité, ses solos montrent qu’il a tout à fait sa place dans ce contexte (Jeep’s blues et Every day I have the blues). Constituée de Jean-Pierre Rebillard (b), François Laudet (dm), Stan Noubar Pacha (g) et Fred Nardin (p), Prix Django Reinhardt 2016 de l’académie du jazz et très inventif en solo, la section rythmique a rempli son rôle à la perfection, ce qui n’étonnera personne quand on connaît le talent de ses musiciens.

 


Stan Noubar Pacha

 


Fred Nardin

 


Jean-Pierre Rebillard

 



François Laudet

 

Je n’ai malheureusement pas pu assister à la prestation du Mourad Benhammou Jazz Workers dont la prestation, de l’avis de tous, fut excellente.

Alain Tomas
Photos © J-M Rock’n’Blues