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Chroniques / 05.10.2022

John Németh, May Be The Last Time

Ce disque est poignant à plus d’un titre. Alors que John Németh doit subir une opération de la mâchoire, dont l’issue est incertaine pour sa voix et sa capacité à jouer de l’harmonica, peut-être pour sa vie elle-même, ses amis montent le projet d’enregistrer un disque avant cette échéance.

Maintenant qu’on sait que l’opération s’est bien passée et que John a pu rejouer et même partir en tournée, c’est une deuxième vague d’émotion qui nous submerge à l’écoute de ces onze titres de blues, soul, gospel et R&B enregistrés en deux jours dans les studios Greaseland de Kid Andersen avec Elvin Bishop et ses deux complices Bob Welsh et Willy Jordan, sans parler d’Alabama Mike, toujours dans les bons coups, dans une joie de jouer qui fait chaud au cœur. Pourtant John ne cache pas l’urgence et l’incertitude du contexte, ouvrant le disque par un The last time revisité, à la façon d’un prêcheur haranguant sa congrégation, puis enchaînant sur un blues rentre-dedans emprunté à Elvin Bishop qui ne se fait pas prier pour pilonner sa guitare, chanter sur Stealin’ watermelon, soutenu par des chœurs festifs qu’on retrouve sur tout le disque.

Sooner or later est renouvelé sous forme de ballade et Elbows on the wheel reçoit un traitement plus chaloupé que sur la version originale. Les reprises d’Hank Ballard, des Falcons, Junior Wells ou Slim Harpo sont elles aussi revisitées dans une collaboration directe, qu’on imagine festive et chargée d’émotion. On apprécie la guitare instantanément reconnaissable d’Elvin Bishop, les interventions vocales elles aussi caractéristiques d’Alabama Mike, la contrebasse occasionnelle de Kid Andersen, le chant à deux voix, John et Willy Jordan sur I found a love des Falcons, et, d’une façon générale, la voix complètement habitée de John. La grande classe.

Christophe Mourot

Note : ★★★★½
Label : Nola Blue
Sortie : 16 septembre 2022

Christophe MourotJohn NémethNola Blue RecordsSOUL BAG 248