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Live reports / 11.07.2013

John Legend

Affairé à son piano à queue sous les feux d'un Olympia copieusement peuplé, John Legend ne tarde pas à tomber la veste pour mettre sérieusement à mal l'étanchéité de son T-shirt. Sans trop en faire, pourtant. Certes, sa voix ample doublée d'une belle aisance instrumentale lui octroient une présence incontestable. Mais passé ce constat, là, ce soir, sur scène, on a surtout l'impression qu'il s'agit d'un boulot ordinaire. On ne s'attendait pas à ce qu'il joue à fond la carte soul comme il l'a si bien fait en compagnie des Roots sur son dernier album en date (“Wake Up!”, 2010), mais de là à dérouler une prestation lisse sans surprise ni réel éclat…

 

 

Reprenons. À ses côtés mais pas trop quand même, un quartet basique et une paire de choristes décoratives. Tous resteront anonymes et l'on ne trouve pas vraiment de raison d'en savoir plus. De toute façon la balance nous en dissuade : le micro de Legend est outrageusement dominateur. C'est un choix que certains leaders assument en se donnant sans compter. Legend s'appuie lui tranquillement sur le public parisien – motivé – et se contente d'enchaîner une set list centrée sur ses ballades qui lorgnent une pop bien docile. Ses Let's get lifted et I can change ont beau réchauffer le début du show, les autres moments qui nous tirent de la torpeur ne sont pas légion et sont dus à des emprunts au passé : le toujours aussi efficace Wake up everybody d'Harold Melvin & the Blue Notes, et Number one basé sur le groove coquin du Let's do it again des Staple Singers. Ailleurs, Legend tamise décidément trop son solide bagage gospel, quand il ne livre pas une relecture empotée de James Brown. I'll go crazy version rock'n'roll mou, c'est quelque chose… d'absolument pas fou. Vers la fin de parcours, même son tube à danser Green light paraît terne. Seul pour le rappel, Legend entonne bien entendu son beau Ordinary people. C'est charmant, chanté en duo avec la salle, et tout s'achève à 22 heures sonnantes, comme prévu.

Nicolas Teurnier

Photos © Fouadoulicious