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Live reports / 19.10.2021

Jazz sur son 31, Toulouse

10 au 14 octobre 2021. 

Retour sur une 35e édition à forte coloration soul. Morceaux choisis.

Kenny Garrett – La Halle aux Grains – le 10 octobre

20 minutes. Pas besoin de tour de chauffe quand on s’appelle Kenny Garrett. Premier morceau ultra copieux, et déjà un aperçu du concert que le saxophoniste américain allait livrer pendant quasiment deux heures dans une Halle aux Grains soigneusement garnie. Dès l’entame, le maestro partage les notes avec ses quatre musiciens, leur laissant la place d’installer de longs chorus ou des solos tonitruants (mention spéciale au batteur Mark Whitfield Jr), pour mieux reprendre le lead entre chaque intervention. 

Un authentique “chef de band”, plutôt taiseux sur scène, qui préfère diriger à l’œil et au doigt. Au milieu d’une setlist composée en grande partie de morceaux issus de son dernier album “Sounds From The Ancestors”, les sonorités africaines, soul, gospel ou hip-hop se mélangent habilement et rappellent que le jazz n’a pas d’autres limites que celles qu’on veut bien lui imposer. Visiblement pas le genre de Kenny Garrett.

Kenny Garrett, Ameen Saleem
Kenny Garrett, Mark Whitfield Jr.
Vernell Brown, Kenny Garrett

Julien Lourau – Théâtre des Mazades – le 13 octobre

Certains bâtissent des cathédrales. Lui construit des ponts. Entre les époques. Des années 1970 à nos jours, un demi-siècle nous contemple. « Déjà » rappelle dans un rire presque nerveux le saxophoniste français Julien Lourau au moment d’évoquer face au public les raisons qui l’ont poussé à rendre hommage au label CTI avec son album “Power Of Soul”. Un titre qui fait référence au disque du batteur Idris Muhammad, sorti en 1974, et dont le thème Piece of mind sert ici d’introduction à un set très resserré. 

De la richesse des arrangements jusqu’au groove habile, Julien Lourau a su conserver l’ADN de CTI, tout en apportant sa touche personnelle. Exit les cordes et les cuivres. Place aux claviers turgescents, aux lignes de basse piquées de Sylvain Daniel, les deux marqueurs d’un concert rondement mené et très appliqué. Peut-être un peu trop d’ailleurs, seule la relecture du Love and peace de Quincy Jones ayant su apporter ce tempo d’émotion, accalmie indispensable au milieu d’un jazz en fusion permanente.

Julien Loureau
Léo Jassef 
Sylvain Daniel 

J.P. Bimeni – Salle Nougaro – le 14 octobre

La vie d’un showman ? Chaque soir, remettre son titre en jeu. Conquérir un public qui ne vous connaît pas forcément. Sacré combat. Et parfois, malgré les efforts, les relances, il faut s’avouer vaincu. K.O. debout. Non, J.P. Bimeni n’a pas démérité. Il aura même tout tenté pour faire se lever la foule (trop ?) confortablement assise dans les fauteuils bien rembourrés de la salle Nougaro. Résultat ? Une expérience mitigée. Celle d’assister à une performance soul de haute volée, vocalement très en place, portée par des musiciens – le groupe espagnol The Black Belts – toujours justes. Et puis attendre que la magie opère. Que les regards se croisent, que les visages se dérident. Que les corps se laissent enfin porter par cette section de cuivres bouillonnante. En vain. Ah si. Quelques clapes ont bien accompagné les reprises de Keep on running et (I can’t get no) Satisfaction, interprétées dans cette verve très Otis Redding. Trop peu hélas pour emballer la machine.

Texte : Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric Domergue

J.P. Bimeni
Alex Larraga, Rafael Díaz, Ricardo Martinez, J.P. Bimeni
Pablo Cano, Fernando Vasco
festivalFrédéric DomergueJazz sur son 31Mathieu Bellisario