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Brèves / 18.12.2010

James Peterson, 1937-2010

Si le nom de James Peterson est connu des amateurs de blues, c’est beaucoup plus comme géniteur de Lucky Peterson que pour sa carrière personnelle. Ce n’est d’ailleurs que tardivement, au début des années 1990, que sa carrière discographique a véritablement pris son essor. Elle vient de prendre fin : James Peterson s’est éteint le 12 décembre dernier à l’âge de 73 ans.
Il vit le jour le 4 novembre 1937 dans le comté de Russell, en Alabama, où son père possédait un juke-joint. Un fait qui pèsera lourd dans son destin. Quand il a 14 ans, il part à Gary, cité industrielle de l’Indiana. C’est là qu’il apprendra à jouer de la guitare en autodidacte. En 1955, il va s’installer à Buffalo, Etat de New York, où il commence à jouer à la fin des années 50. En décembre 1964 naît son fils Judge Kenneth, vite surnommé Lucky. Initié à la musique par son père, il révèle de précoces dispositions pour l’orgue, dispositions largement entretenues par le fait que la famille Peterson habite au dessus du club, le Governor’s Inn, que James a ouvert en 1965 et qui est devenu le passage obligé pour les artistes en tournée.
A l’âge de 5 ans, Lucky enregistre un premier 45-tours sous l’égide de Willie Dixon créant la sensation auprès des médias qui s’arrachent le « Mozart du blues ». Deux ans plus tard, en 1972, paraît l’album réunissant le père guitariste et le fils organiste : « The Father, The Son, The Blues » (Today 1011).
En grandissant, Lucky cesse d’intéresser les médias même s’il poursuit une carrière exemplaire auprès de Little Milton ou Bobby Bland. James Peterson, lui, bouge beaucoup tout en restant dans le showbiz : en 75, il ouvre une boîte en Floride ; en 78 il retourne à Buffalo et lance le New Governor’s Inn, avant de retourner en Floride, à Tampa, pour s’occuper du club After Dark ! Il n’abandonne pas pour autant la pratique musicale. Un 45-tours sur Fantastic retient l’attention des amateurs curieux, mais c’est son album de 1990, « Rough ’n’ Ready », qui le fera vraiment connaître. Il paraît sur le label floridien King Snake sur lequel Lucky est très actif. Le disque retiendra l’attention grâce à des titres originaux comme I fell in love with a prostitute ou Bait cost more than the fish ! Alors que la carrière du fiston décolle en Europe, James s’installe sur la scène sudiste avec « Too Many Knots » (Ichiban, 1991), « Don’t Let The Devil Ride » (Waldoxy, 1995) et « Preaching The Blues » (Waldoxy, 1996). En 1997, il a l’occasion de venir en France, au Quai du Blues à Neuilly-sur-Seine.
Sa carrière se poursuit avec un album de 1999, « Wrong Bed » (sur son propre label HowDog), qui lui permet d’intégrer le chitlin circuit sudiste. Nicolas Burgot se souvient de l’avoir entendu au Blues Palace à Dallas, le club de R.L. Griffin, où il interprétait des titres de son album (enregistré justement à Dallas avec l’orchestre du fiston), comme le succulent
Keep on pumpin’ dont l’intro parlée en référence humoristique à B.B. King qui à chaque fois faisait son effet auprès du public…
Malheureusement, l’album réunissant nommément à nouveau le père et le fils (« If You Can’t Fix it », JSP, 2004) ne tiendra pas ses promesses.
Résidant depuis 1981 à St. Petersburg, en Floride, il avait dû aller récemment en maison de repos en Alabama, suite à des problèmes cardiaques et de diabète.
Jacques Périn