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Live reports / 02.10.2014

Ironing Board Sam & the Sticks

Dans le cadre du 33e festival Musiques de Jazz & d'Ailleurs qui s'est déroulé du 24 au 27 septembre dans la capitale picarde, rendez-vous était donné avec un vieux brisquard du blues et du rhythm and blues sudiste : le truculent chanteur et organiste Ironing Board Sam.

Passé depuis 2010 dans le giron de la très respectable Music Maker Relief Foundation, il fut en son temps (entre le milieu des années 1960 et la fin des seventies) une petite “légende” du côté de La Nouvelle-Orléans, avant de disparaître des écrans radars. Belle initiative donc que d'inviter le septuagénaire pour deux dates, dont une à guichet fermé à La Lune des Pirates, un club intimiste de 250 places environs et néanmoins parfait pour ces deux bonnes heures de show enflammé que le natif de Rock Hill (Caroline du Sud) et sa jeune rythmique ont proposé au public amiénois.

C'est vers 22 h que le trio guitare-basse-batterie répondant au nom de The Sticks a déclenché les hostilités. Un instrumental fougueux histoire d'accueillir celui qui quarante-huit heures plus tôt était encore à Hillsborough (Caroline du Nord). Pour sa première prestation scénique en France, Ironing Board Sam n'a pas fait les choses à moitié. Nippé dans un costume pailleté d'un violet éclatant, il a régalé l'audience dès les premiers titres avec une paire de boogies électrifiés qui ont fait s'agiter pieds et mains du public en un temps record.

 


Simon Arcache (g), Ironing Board Sam (vo, kbd), Jonathan Lafon (dm), Raphael Evrard (b).

 

 

Alternant ses propres compositions (Goin' up, goin' down, Child support, Life is like a seesaw, Cherry pie, Purple raindrop, Do the ironing board...) et un bon nombre de standards (Blueberry hill, Mustang Sally, CC rider, Bad bad whiskey, Sweet home Chicago…), Ironing board Sam n'a, à 75 ans, pas usurpé cette image d'entertainer qui lui va comme un gant. Sur des lignes de basse aux redondances funk, des breaks de batterie bien sentis jusqu'aux rythmiques aiguisées (façon Wilko “Dr. Feelgood” Johnson) de la Telecaster, la star du jour danse, joue, chante, improvise, en un mot s'amuse… Et nous avec.

Deux sets – entrecoupés d'une pause dédicace pour Sam – rondement menés. Deux bonnes heures d'un show sincère entre morceaux chargés de groove invitant la salle à perdre quelques kilos et bien évidemment des titres aux tempos plus relax, laissant l'organiste jouer solo et chanter quelques vieux blues d'une voix souple et parfois presque chevrotante. Un trop-plein d'émotions peut-être.

 

 

 

Une belle histoire que celle de Sam et de ses compères. Car The Sticks, ce sont aussi de jeunes frenchies qui ont passé un an dans la famille Music Maker, là-bas en Caroline du Nord. Pour l'anecdote, le cumul de leurs âges respectifs n'atteint même pas les années que l'homme au costume violet a vécues jusqu'ici. Une différence d'âge qui n'a pas empêché Sam de les prendre sous sa coupe. Une attention et un modèle de transmission intergénérationnelle qui expliquent que le concert commun proposé ce soir-là transpirait d'une complicité aussi attendrissante qu'évidente… Et les échanges avec le public après le show confirme que Sam “Planche à Repasser” est attendu de pied ferme, pour d'autres bon moments comme ceux passés ce jeudi de septembre.

Jules Do Mar
Photos © J. Souille