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Live reports / 17.03.2012

INTERNATIONAL BOOGIE WOOGIE FESTIVAL

Devenu le leader de ses contemporains hollandais de boogie blues, Martijn Schok produit chaque année un festival de qualité, en conjonction avec un hôtel-centre de congrès distingué, situé dans le nord est du pays, là où les bois, polders et petites cités historiques pimpantes se confondent avec le cours plat des fleuves et l’eau tranquille des canaux. Si le premier soir (16/3), traditionnellement réservé aux résidents du week-end, est consacré aux jams sessions informelles tapées sur deux pianos droits bien durs, localisés dans le sous-sol, le samedi constitue bien le plat de résistance.

Martijn Schok et son groupe ténorisé – le toujours excellent Rinus Groeneveld – ouvre avec un hommage à Little Willie Littlefield, invité d’honneur mais diminué par la maladie. Que retenir de cette neuvième édition ?

Les duos, tous réussis.

Un progrès étonnant : celui du jeune Danois Lasse Jensen, devenu un virtuose de premier plan en quelques années. Belle ovation méritée.


Lasse Jensen

Une invitée américaine, Stephanie Trick, grande spécialiste du stride-ragtime, joué avec élégance et maîtrise (son boogie ponctuel, quoique fluide, manque de profondeur).


Stephanie Trick

Stefan Ulbricht : tout sourire, l’Allemand offre un jeu sobre et enjoué. Basses bien régulières, tempérées chez lui.

 
Stefan Ulbricht

Angela Brown (vo) & Christian Rannenberg (p). La chanteuse de Chicago établie en Allemagne m’a semblé en-deçà de ses possibilités vocales antérieures, compensant son timbre limité par des œillades et des effets corporels parfois caricaturaux. Son partenaire, par contre, est un modèle de retenue et d’efficacité, au service d’un répertoire choisi qui sort des sentiers battus. Plaisant.

 
Angela Brown, Little Willie Littlefield, Leon Blue

En revanche, qu’est ce qui pousse les organisateurs de concerts à programmer Leon Blue, sinon sa participation historique d’accompagnateur compétent dans les orchestres de B.B. King, Ike & Tina Turner, Albert Collins et consorts ? Comme pianiste-leader, il est médiocre, son chant est, au mieux, passe-partout et son non-répertoire de standards d’un ennui…

Quant à Martijn Schok, j’aimerais le retrouver en tant que soliste distingué dans un set à lui et non sous la forme d’un pianiste orchestral où son épouse Greta Holtrop (vo) et, surtout, Rinus Groeneveld (sax) lui volent régulièrement la vedette. Reste les bœufs d’après concert pour l’apprécier pleinement.


Martijn Schok


Greta Holtrop


Rinus Groeneveld

Enfin, le grand finale, joyeux moment de cacophonie musicale, réunit tous les participants sous la blancheur des projecteurs et dans un amoncellement de bouquets de fleurs. Belle commémoration !

Le dimanche après-midi, un particulier, harmoniciste amateur, invitait Lasse Jensen et le Belge Patrick Smet à un concert privé à son domicile, dans un des villages perdus dans la Hollande profonde. L’occasion de les retrouver en toute intimité, dans une ambiance festive et sans prétention, sinon de jouer de la bonne musique sur deux pianos. Un invité surprise m’a “scié” : Ruud Van Ingen, un des fondateurs du renouveau des 60’s, au vigoureux style barrelhouse, dédié à d’obscurs praticiens états-uniens bien oubliés. Cela valait bien deux heures de route à travers bois, champs et traversée de rivière en bac.

Texte et photos André Hobus


Patrick Smet et Lasse Jensen