;
Live reports / 06.06.2016

Incognito

Absent des scènes parisiennes depuis plusieurs années – une sombre histoire de promoteur parti avec les sous, d’après ce que raconte Bluey en ouverture du concert –, le retour d’Incognito crée l’évènement en remplissant trois soirs de suite le New Morning (la troisième date a été ajoutée pour répondre à la demande). Comme toujours, le line-up du groupe a été largement renouvelé autour du pivot historique Jean-Paul “Bluey” Maunick, fondateur et âme du groupe depuis bientôt quarante ans. Même le clavier Matt Cooper, élément majeur du son Incognito depuis plus de dix ans, n’est pas de la partie ce soir… Malgré quelques problèmes de balance qui peineront à se régler, il ne faut pourtant que quelques notes de l’instrumental d’ouverture pour rassurer tout le monde : le son d’Incognito, autour de la guitare incisive de Bluey – un rythmicien de la trempe des Jimmy Nolen-Nile Rodgers –, est intact, et c’est avec plaisir qu’on accueille sur scène, pour un hommage à Prince un peu convenu (le refrain de Purple rain, pour résumer), les trois voix du groupe. Surprise : si Vanessa Haynes, peut-être bien la meilleure chanteuse qu’ait connu le groupe avec Jocelyn Brown, est présente, Tony Momrelle, annoncé sur le site du New Morning, est remplacé par un chanteur dont le nom m’a échappé mais qui s’avère fort compétent. Katie Leone complète le trio et s’avère être la moins convaincante du lot, sur les quelques escapades en soliste qui lui sont confiées.

 

 


Katie Leone

 


Vanessa Haynes

 

C’est Vanessa Haynes qui ouvre les hostilités sur le classique Talkin’ loud, suivi d’autres standards du groupe et du As de Stevie Wonder, dans des versions aussi efficaces que prévisibles. Au bout de quarante-cinq minutes tout juste, Bluey annonce une pause afin de faire marcher le bar et de faire gagner de l’argent à la salle (selon sa propre explication)… Après vingt minutes d’entracte, le groupe est de retour pour l’irrésistible Still a friend of mine, puis Colibri, prétexte à des longs solos de chacun des musiciens et qui se conclut par un duo batterie-percussions plutôt complaisant pendant que le reste du groupe quitte la scène. Comme le précédent, ce second set dure pile trois quarts d'heure, le temps de quelques standards  (Don’t you worry ‘bout a thing, Always there… ) balancés avec un professionnalisme qui semble, ce soir en tous cas, tenir lieu d’inspiration… Après Everyday, Bluey se lance dans son speech habituel, plein de bons sentiments, puis le DJ balance, comme d’habitude également, One love de Bob Marley, tandis que les musiciens quittent la scène. Il n'y aura pas de rappel… Malgré la qualité globale de la musique, le tout donne l’impression d’un groupe décidé à jouer à l’économie, se contentant de rabâcher ses vieux titres de gloire pour un public de nostalgiques, bien loin de la créativité et de l’implication qui avaient fait sa réputation…

Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious

 


Bluey