Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Bonnie Pointer (1950-2020)

Originaire d’Oakland, Patricia Eva Pointer, surnommée Bonnie, fait ses débuts en duo avec sa sœur June dans l’église paternelle puis dans les clubs locaux. Devenu un trio avec l’arrivée de leur autre sœur Anita, les Pointer Sisters enregistrent sous la houlette de Wardell Quezergue deux singles pour Atlantic au tout début des années 1970 – un des titres, Send him back, deviendra un classique de la scène northen soul.

Il faut cependant attendre la signature avec Blue Thumb et l’arrivée au sein du groupe de la sœur aînée Ruth pour que le groupe se fasse remarquer. Avec son approche “rétro” – un look inspiré des années 1940 et une musique influencée par le jazz –, le premier album des frangines, sorti en 1973, est un immédiat succès, porté par deux tubes : une reprise d’Allen Toussaint, Yes we can can, et un emprunt à Willie Dixon, Wang dang doodle. Le disque suivant, sorti l’année d’après, poursuit sur la même trajectoire. Son principal hit, Fairytale, est un morceau sous influence country co-écrit par Bonnie et Anita, qui vaut au groupe un improbable Grammy de la meilleure interprétation country par un groupe ainsi qu’une nomination pour la meilleure composition country ! Elvis Presley en enregistre sa version deux ans plus tard.

Le succès se poursuit dans les années suivantes avec des chansons comme How long (Betcha’ got a chick on the side), mais, en 1977, Bonnie décide de quitter l’ensemble pour se lancer dans une carrière personnelle. Elle ne retrouvera ses sœurs sur scène que très occasionnellement. Elle est donc absente des principaux tubes du groupe, parus après son départ, tels que Fire, I’m so excited, Slowhand, He’s so shy, Automatic et Jump (For my love). Mariée avec le producteur Jeffrey Bowen, collaborateur notamment des Temptations et des Chairmen of the Board, elle signe avec Motown, pour qui elle publie deux albums en 1978 et 1979 et décroche un tube avec sa reprise de Heaven must have sent you, emprunté aux Elgins. Le succès est cependant éphémère et, en dehors de deux autres albums parus en 1984 et en 2011, c’est surtout sur le circuit de la nostalgie qu’elle se produit ensuite, ne faisant la une de l’actualité qu’à l’occasion de conflits publics avec ses sœurs – même si une réconciliation était intervenue depuis – et d’une arrestation liée à des problèmes de toxicomanie. 
Photo © DR / Gilles Pétard

Floyd Lee (1933-2020)
Originaire du Mississippi, Floyd Lee (Ted Williams de son vrai nom) s’installe au début des années 1970 à New York et se fait vite une belle réputation sur la scène blues locale, se produisant aussi bien dans les clubs que dans les rues et les stations de métro. Il doit cependant attendre le début des années 2000 et sa rencontre avec le guitariste canadien Joel Poluck pour faire ses débuts discographiques avec l’album “Mean Blues”, crédité au Floyd Lee Band. Plusieurs albums suivent jusqu’à la fin de la décennie, dont “Full Moon Lightnin’”, enregistré au studio de Jimbo Mathus avec la participation de Sam Carr à la batterie. C’est d’ailleurs dans cette configuration, avec Carr, qu’il apparaît en 2004 au festival de Blues de Lucerne. John C. Gardiner lui consacre en 2009 un documentaire, Full Moon Lightnin’, qui retrace son parcours à partir de son enfance sudiste. Soul Bag lui consacre un article en 2005 (n° 179).

Carl Green (19??-2020) 
Figure de la scène blues de la Bay Area, le saxophoniste – qui ne doit pas être confondu avec le chanteur et auteur-compositeur homonyme, membre ponctuel de Marvin & Johnny – a enregistré en particulier avec Troyce Key, JJ Malone, Clarence Simms, le Jackie Payne Steve Edmonson Band et Elvin Bishop. 

Irvin Brockington (1936-2020)
Originaire de Philadelphie, Irvin Brockinton est actif dans les églises locales dès son adolescence et monte différents groupes. C’est avec son Brockington Chorale Ensemble qu’il fait ses débuts discographiques au milieu des années 1960 sur Artic, un label de la ville pour lequel enregistrent entre autres Barbara Mason. Rebaptisé Brockington Ensemble, la chorale enregistre pendant les décennies suivantes une série d’albums pour différents labels dont HOB, Savoy et Pray/Virtue, sur lesquels Irvin Brockington, chanteur occasionnel aux côtés en particulier de son frère Charles et de Ronald Mosely, assure en général les claviers, les arrangements et une partie de l’écriture. Il était longtemps resté actif dans les églises de Philadelphie.

Raymond Lewis (19??-2020)
Figure mineure de la scène R&B de La Nouvelle Orléans – il a notamment été à la fin des années 1950 le bassiste du groupe de scène de Huey Lewis –, Raymond Lewis avait enregistré dans les années 1960 une poignée de 45-tours pour des labels locaux comme Instant et Sansu, bien souvent produits par Allen Toussaint, parmi lesquels le classique I’m gonna put some hurt on you, repris ensuite par Alvin Robinson.

Mark Barkan (1934-2020)
Auteur-compositeur prolifique, ses chansons ont été enregistrées notamment par Nat King Cole, Marv Johnson, Tommy Hunt, Little Anthony, Chuck Jackson, Jimmy Witherspoon, Dusty Springfield, Jerry Butler, Dee Dee Warwick, Madeline Bell, B.T. Express, Cissy Houston, Queen Ida et bien d’autres, notamment du côté pop.

Rupert Hine (1948-2020)
L’artiste britannique avait notamment collaboré, en tant que producteur et auteur-compositeur, à plusieurs des albums de Tina Turner à partir des années 1980.

Kenny Young (1941-2020)
Figure du légendaire Brill Building – où il travaillait pour la société d’édition de Bobby Darin, Kenny Young a écrit de nombreuses chansons, parmi lesquelles Under the broadwalk (avec  Artie Resnick), créée par les Drifters et régulièrement reprise, et Ai no corrida, créée par son co-auteur Chaz Jankel et popularisée par Quincy Jones (avec Patti Austin au chant). Ses titres ont été interprétés par les Drifters, les Rolling Stones, Ben E. King et de nombreux artistes pop. 

Textes : Frédéric Adrian