Exposition : Christian Rose, photographier la musique
07.11.2024
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Décédé le 2 décembre 2011 à l’âge de 72 ans, Howard Tate fait partie de ces artistes dont on peut penser qu’ils n’ont pas eu la carrière qu’ils méritaient. Bien qu’il ait enregistré quelques-unes des plus belles faces de la soul des années 1960, sa notoriété n’a jamais réellement dépassé le cercle des amateurs de soul, et c’est reprises par d’autres – de Jimi Hendrix à B.B. King, en passant par Janis Joplin et Ry Cooder, que ces chansons se sont fait connaître.
Né à Eberton (près de Macon) en Géorgie le 13 août 1939, élevé à Philadelphie, Howard Tate découvre la musique au sein de la chorale de l’église de son père pasteur, puis d’un groupe gospel monté avec son voisin Garnet Mimms, autre future grande voix de la soul. Rebaptisé les Gainors, le groupe se lance dans la musique séculière et publie à partir de 1958 une série de singles pour Red Top (repris sur Cameo), Mercury et Tally Ho, sans rencontrer le succès.
Après la séparation du groupe, il se produit pendant quelque temps avec le groupe de l’organiste Bill Doggett, avant que le producteur Jerry Ragovoy, sur la suggestion de Garnet Mimms, ne s’intéresse à lui et, après un premier single passé inaperçu sur le petit label Utopia en 1964, ne le fasse signer avec Verve, une filiale de MGM peu connue pour sa production soul. Sur Verve, Tate publie entre 1964 et 1968 neuf singles (dont quatre atteignent le classement R&B et trois le classement Pop) et un album, produits par Jerry Ragovoy, également auteur ou co-auteur d’une bonne partie du répertoire. Parmi les plus grandes réussites de cette période, on peut citer des ballades déchirantes comme Get it while you can ou I learned it all the hard way et des titres plus dansants comme Ain’t nobody home ou l’irrésistible Stop. Réédités à deux reprises en CD dans des éditions très limitées, ces enregistrements (1) ne sont aujourd’hui plus disponibles…
Tate ne retrouvera plus jamais de tels sommets : les deux albums suivants, “Howard Tate’s Reaction” sur Turntable (1969) et “Howard Tate” sur Atlantic (1972), ne connaissent pas le succès, et Tate s’éloigne progressivement du monde de la musique, même s’il continue à enregistrer ponctuellement jusqu’au milieu des années 1980 (2). Des difficultés personnelles le conduisent à interrompre totalement sa carrière, jusqu’à sa réapparition surprise au début des années 2000. Si ce come-back aux allures de miracle et les retrouvailles avec Ragovoy suscitent un certain intérêt médiatique, celui-ci s’est largement estompé quand sort l’album “Rediscovered” en 2003, et le disque passe inaperçu en dehors du public soul. Il permet néanmoins à Tate de tourner régulièrement, notamment en Europe, à partir de 2004, et ses spectaculaires prestations scéniques (3) lui permettent de conquérir de nouveaux admirateurs. Paru en 2006, l’album “A Portrait of Howard Tate” est une réussite, hélas mal distribuée. Il est suivi en 2008 du moins convaincant “Blue Day” avant que Tate, souffrant, ne réduise ses activités à partir de 2009.
Frédéric Adrian
1. Qui appartiennent à Universal, qui n’en fait rien…
2. Le single Sweetness / One armed bandit de 1986, sur TBF.
3. Documentées dans un album live de 2006 paru chez Shout! Factory et dans un court LP “direct to disc” paru en 2010 sur APO
NB : Howard Tate figure en couverture de Soul Bag n°173, toujours disponible.