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Live reports / 03.10.2013

Hervé Samb

Malgré un CV plus que solide – il a enregistré, entre autres, avec Meshell Ndegeocello, Jacques Schwarz-Bart et David Murray – et une présence régulière sur les scènes de France depuis une quinzaine d’années, le guitariste sénégalais Hervé Samb ne bénéficie pas encore d’une reconnaissance à la hauteur de son talent, faute peut-être à sa capacité à se mettre au service de la musique des autres au détriment d’une carrière solo.

À l’occasion de la parution de son deuxième album personnel, “Time To Feel”, il s’est produit au New Morning en compagnie des musiciens qui l’accompagnent sur disque : le saxophoniste Olivier Témime, l’ancien protégé de Johnny Griffin, désormais patron des Volunteered Slaves, l’un des collectifs les plus excitants du jazz français, le bassiste de luxe Reggie Washington (entendu aussi bien avec le RH Factor de Roy Hargrove qu’avec Cassandra Wilson et la galaxie M-Base), et le batteur néerlandais Chander Sardjoe.

C'est donc au répertoire de son nouvel album que se consacre Hervé Samb. S’il a fait ses preuves dans des registres soul et blues (au sein du groupe de Boney Fields ou derrière la chanteuse Kicca), c’est dans un registre de jazz contemporain marqué aussi bien par le rock progressif (pour les longs solos virtuoses) que par des sons africains (un titre solo à la guitare acoustique, hélas perturbé par des problèmes de son récurrents) qu’il a choisi de s’exprimer sous son nom. Parfaitement accompagné par ses musiciens (et notamment par Reggie Washington, aussi à l’aise à la contrebasse qu’à la basse électrique), il déroule des compositions personnelles originales, qui évoque par moments le répertoire des groupes “fusion” des années 80.

Si la musique jouée ce soir est plutôt éloignée de celles qu’évoque habituellement Soul Bag, elle confirme la place éminente d’Hervé Samb au sein de l’aristocratie des guitaristes créatifs de l'Hexagone.

Frédéric Adrian