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Live reports / 20.10.2016

Gregory Porter

Gregory Porter a beau être l’un des visiteurs les plus réguliers des scènes françaises et notamment parisiennes, c’est une salle comble et enthousiaste qui l’accueillait dans le cadre magnifique (et très bien sonorisé) du Grand Rex – quel dommage que ce lieu élégant et confortable n’accueille pas plus souvent les musiciens dont parle Soul Bag ! Passons vite sur la pop éthérée et hors sujet de la première partie pour nous concentrer sur la vedette incontestée de la soirée, acclamée dès son entrée sur scène par un public visiblement conquis d’avance.

 

 


Chip Crawford, Gregory Porter, Yosuke Sato

 

 

Pas de grande surprise à attendre de Porter : le répertoire puise largement dans son nouvel album et y ajoute quelques titres des disques précédents, dans des versions proches de celles en studio, à peine amendées par le goût de Porter (et de son pianiste Chip Crawford) pour la citation, qui fait que quelques phrases de Wade in the water se glissent dans Liquid spirit tandis qu'une allusion à What’s going on agrémente la fin de On my way to Harlem. Entre deux de ses classiques, Porter glisse également un hommage à Sam Cooke, le temps d’un beau Chain gang suivi par un A change is gonna come bien moins convaincant – mode Las Vegas – en duo avec l’invité surprise Ben l’Oncle Soul.

 


Jahmal Nichols, Emanuel Harrold

 


Yosuke Sato, Gregory Porter

 

Si Porter chante toujours aussi bien et si les bons moments ne manquent pas, il faut bien avouer que le caractère prévisible de son show est un peu frustrant. Il serait injuste de reprocher à Porter sa fidélité à ses partenaires de ses débuts, mais leurs évidentes limites – les chorus du saxophoniste Yosuke Sato sont particulièrement indigents – lui interdisent de se projeter au-delà d’interprétations polies de son répertoire, et même l’irrésistible 1960 what? peine à décoller dans ce contexte. Mes réserves ne semblent cependant pas concerner la plupart des spectateurs, dont l’enthousiasme ne diminue pas tout au long des deux heures d’un généreux concert, confirmant ainsi la place particulière que Porter a conquis dans le cœur du public.

Frédéric Adrian
Photos © Stella K