;
Live reports / 08.12.2016

Gallant

« Il nous reste un dernier morceau, n'hésitez pas à chanter si vous le connaissez… » Lorsqu'il renfile sa veste avant d'entamer la conclusion de son premier concert parisien, Christopher Gallant sait non seulement que la salle connaît ce morceau, mais aussi qu'elle l'attend de pied ferme. C'est la ballade palpitante qui l'an dernier a révélé ce chanteur aujourd'hui âgé de 24 ans. Weight in gold. Habilement construite, divinement chantée, dotée de paroles aussi étranges qu'envoûtantes. À l'image de ce premier album, “Ology”, un bijou venu orner 2016. Mais cette pièce d'orfèvrerie confectionnée essentiellement en binôme (avec le producteur Stint) passerait-elle la rampe du live ? Oui, et brillamment. Pour s'en rendre compte en ce dimanche soir de décembre, il a suffi de quelques mesures de Open up : Gallant habite la scène comme il habite ses chansons. Sans esbroufe (mine sérieuse et col roulé), il électrise Les Étoiles en tordant sa svelte silhouette qui épouse le déroulement ultra dynamique de ses compositions. Intense, sans que jamais le tempo s'emballe.

 

 

 

Et le chant aérien de ce funambule de la note dégage une puissance magnétique rare. On en frissonne lorsque décolle plein pot son falsetto, comme sur ce renversant Bone + tissue. Doué pour manier l'espace et la nuance, Gallant trouve dans le trio guitare-clavier-batterie qui l'épaule un soutien efficace, à même de recréer le relief saisissant de l'album. Éclats rock et effets electro sont ainsi sollicités, toujours au service de chansons qui enlacent un groove hip-hop-R&B à une accroche pop et débouchent sur une sensibilité digne des grand(e)s soul(wo)men. Qu'importe alors les tournures alambiquées des paroles, c'est une salle conquise qui entonne en chœur les Percogesic, Talking to myself, Bourbon, Shotgun… Impressionnant.

 


Dylan Jones, AJ Novak, Gallant

 

 


Dylan Jones, Gallant, Dani Ivory

 

Sur Skipping stones, seul morceau qui voit Dylan Jones troquer sa guitare pour une basse, c'est Dani Ivory (qui a notamment fait partie des groupes de CeeLo Green et de Beyoncé) qui n'est pas loin de voler la vedette lorsqu'elle entonne avec autorité la partie initialement chantée par Jhené Aïko. Un duo sobre, élégant, enivrant. Tout comme la manière dont Gallant pimente son rappel (Counting) en invitant sur scène une jeune femme du public. « I'm counting, I'm counting on you », lui chante-t-il avec une douceur attentive s'exprimant jusque dans les courts pas de danses qu'il lui fait esquisser. Alors la jeune femme renonce à filmer l'instant pour mieux en profiter. Gallant est brillant.

Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot