;
Live reports / 16.02.2016

FESTIVAL INTERNATIONAL DE BOOGIE WOOGIE

Une fois de plus, Alain Dessaigne est ravi. Le directeur du théâtre municipal programmait la 7e édition de ce festival et a déjà prévu celle de l’an prochain, en accord avec son directeur artistique, le spécialiste belge Renaud Patigny. Belle salle datant des années 20 avec fauteuils rouges et faux drapés, jam sessions dans le hall – 2 pianos et batterie – dégustation nocturne de soupe à l’oignon et vin chaud, sono et éclairages magnifiques montés pour l’occasion. Le nombreux public se régalera.

 

Vendredi                                                                                                                     

Le maestro bruxellois ouvre en force mais se branche très vite sur un répertoire pop boogie en compagnie de la chanteuse jazzy Elaine McKeown à la voix haut perché. Elle manque de punch R&B.

Lluis Coloma. Le Catalan nous plonge dans le vif du sujet. Virtuosité inventive et jeu puissant. De plus, il sait faire varier l’intensité. À retenir : son Flamenco boogie. Premier duo avec Renaud Patigny.

Martin Schmitt (Allemagne). Sa dextérité et son punch épatent, certes, mais je ne suis pas fort réceptif à la diversité de son répertoire (ragtime, boogie, R&B…) souvent chanté avec un accent prononcé.

Bob Seeley (USA). Le public va en faire son chouchou et le plébisciter durant les trois jours. Ce vétéran de Detroit a connu et joué, dès l’âge de 16 ans, avec les trois grands du genre (particulièrement Meade Lux Lewis) et c’est à une vigoureuse démonstration de boogie traditionnel qu’il va nous convier. Quand il ne joue pas, il danse et saute en rythme. Il sera aussi de toutes les jams. Quelle forme à 87 ans !

 


Bob Seeley

 

Samedi

Une découverte : l’Allemand Jan Luley. Spécialité ? Le toucher chaloupé néo-orléanais, avec les basses profondes si caractéristiques aux praticiens germaniques. Même sa version instrumentale de When the Saints s’en trouve revigorée.

Big John Carter. Bras tatoués et gueule de rocker, ce qu’il fut, le Britannique cuisine son clavier au jus. Style physique, proche des bouis-bouis.

Renaud Patigny. Du boogie nerveux et bien frappé, comme on l’aime chez lui. Section rythmique (John Valcke et Tristan Patigny) au diapason. Le ténor français Philippe Dourneau y apporte une dynamique très R&B fifities, avec des références Big Jay McNeely.

Nico Brina. Parodie de rock’n’roll, vocaux compris (et fort accent italien). C’est avant tout un entertainer gymnique. Trop.

 


Big John Carter

 

Dimanche

Jeroen Sweers. Il a joué le Hollandais volant auprès de ses aînés. Il est devenu une vedette accomplie et swingue son clavier avec un goût sûr.

Dave Keyes. Le New-Yorkais aborde un répertoire éclectique, de par ses diverses collaborations antérieures, dont l’accompagnement de la chanteuse historique de gospel, Marie Knight, dont il reprend le Didn’t it rain. Succès.

Zanzibar. Dans une version resserrée autour des percussions et l’harmonica acoustique modulé de Geneviève Dartevelle, Renaud Patigny propose une recherche afro-boogie, son chanteur Désiré y apportant tant la touche ethnique que R&B. Boogie battle avec Jean-Pierre Bertrand : fusion stylistique sympa mais sans lendemain.

Jean-Pierre Bertrand Quartet. C’est le charme d’un répertoire de boogies bien tempérés. Plaisir à chaque fois renouvelé à l’écoute de cette élégance où le ténor Michel Pastre joue son rôle de voix.

Enfin, comme tous les soirs, la parade scénique finale un peu fourre-tout réunira les principaux participants et Bob Seeley, toujours d’attaque, s’élance, dansant avec le couple acrobatique et costumé du festival, Jelly Germain & Caroline Podetti. Applaudissements nourris. À l’an prochain.

Texte et photos : André Hobus

 


Jean-Pierre Bertrand et Dave Keyes