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Brèves / 20.01.2012

Etta s’en va

Nous avions beau savoir que les jours d’Etta James étaient comptés, la nouvelle de sa mort, le 20 janvier à Riverside, Californie, nous attriste infiniment. Vouloir en énumérer les raisons, c’est forcément en oublier. Etta James était une interprète d’exception, immédiatement identifiable, qui transcendait tous les genres qu’elle a abordés au cours de ses 50 ans de carrière : R&B doo-wopisant ou musclé, standards encordés, blues saignant, gospel fervent, soul majestueuse, rock incarné, jazz vitalisé… Elle fait incontestablement partie des grandes interprètes afro-américaines du XXe siècle – au même titre que Bessie Smith, Billie Holiday ou Aretha Franklin –, même si elle n’a jamais obtenu la consécration et le respect qu’elle méritait. Sans doute parce qu’elle a toujours été une rebelle, une marginale, une mal élévée, une rescapée aussi… Ce n’est pas pour rien si sa biographie est titrée Rage to Survive. Nous aurons tout le temps de revenir dans le prochain numéro de Soul Bag sur son enfance volée, ses addictions, ses mauvaises fréquentations – masculines notamment – mais aussi sa fascinante carrière artistique.
Si nous avions décidé de faire d’Etta James le sujet central de notre numéro à paraître le 15 mars prochain, c’est tout simplement que l’actualité s’y prêtait avec quatre publications majeures : « The Dreamer », un nouvel album de reprises (Otis Redding, Johnny Guitar Watson, Ray Charles, mais aussi Gun’n’Roses et Little Big Town) avec ses musiciens attitrés depuis plus d’une décennie (dont ses deux fils, le bassiste Sametto James et le batteur Donto James) ; un riche coffret sur Hip-O réunissant livret érudit, photos et quatre CD pour un panorama complet de son œuvre ; la réédition enfin par Kent/Ace de deux albums Chess (« Call My Name » et « Losers Weepers »), augmentés de nombreux bonus. Une autre actualité, plus dramatique, rendra donc cet hommage posthume.