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Live reports / 18.03.2015

Duke Robillard & Bourbon Street

La salle de l'Odéon affichait complet et dut même refuser des spectateurs ! Faut dire que l'affiche était belle et le prix des places, comme toujours, attractif : 13,50 euros en tarif plein.

 

Bourbon Street se présente d'abord sous sa forme réduite, Cyril Menet à la guitare lead et Eric Vacherat au chant et à la guitare rythmique, ainsi qu'on avait déjà pu les apprécier dans cette même salle en 2010, mais avec un répertoire enrichi, notamment d'un bienvenu Keep your lamp de Blind Willie Johnson. Toutefois, au cours de Bluebird blues, le duo s'étoffe de Laurent Cagnon à l'harmonica, Joël Arnaud à la basse et Ludovic Nagy aux drums pour devenir Bourbon Street Electric Gumbo et délivrer une copieuse tranche de blues nourrie de compos et de reprises, toujours mises en perspective avec humour et/ou pédagogie par Eric. Ainsi de leur Movin' on qui obtient la participation du public ou de la version intense d' All your love d'Otis Rush dans laquelle la guitare d'Eric prend le dessus sur celle de Cyril, brillamment sollicitée tout au long du set. Avec plus de 900 concerts au compteur et six albums, Bourbon Street fait partie de cette aristocratie des groupes français dont la longévité ne doit rien au hasard.

© Jean-Paul Bettega
 

Classiquement, Duke Robillard attaque par un instrumental "t-bonesque" qui met les choses au point : on est en présence d'un grand guitariste, sans aucun doute l'un des meilleurs en termes de technique. Une technique qu'il met au service du blues, même s'il le nuance parfois de jazz ou rock. Bien sûr, le Duke n'est pas un grand chanteur, mais au fil des titres, on s'accommode de ses limites, même si c'est l'instrument qui retient d'abord l'intérêt. Des deux guitares qu'il utilise, celle en forme de Fender (elle y ressemble, mais il a l'habitude de bidouiller ses instruments et je suis trop loin pour être sûr) se révèle parfois agressive avec un volume trop poussé, alors que l'autre possède une sonorité plus ronde, à mes oreilles plus aimable ! Même remarque pour Bruce Bears qui utilise deux claviers, un Roland aux qualités pianistiques irréprochables et un Hammond XK1 au son grinçant. Ces réserves faites, le concert connut de grands moments, comme ce You don't love me (I don't even care) en hommage à sa « personnal idol », T-Bone Walker, la délicate reprise du I can't believe you're in love with me de Billie Holiday, un brillantissime Tribute to Les Paul, un très enjoué Blue coat man d'Eddie Boyd ou encore un blues lent à fleur de peau, tout en tension-détente. Après un premier rappel, il demanda si nous en voulions encore un. Quelle question ! Suivi une belle reprise du Make it rain de Tom Waits, au climat bien poisseux et où sa voix –surprise ! – évoquait Screamin' Jay Hawkins.

 

La saison blues à Tremblay se terminera le 30 mai prochain avec le très recommandable Sugaray Rayford, mais avant cela, il ne faudra surtout pas manquer, le 11 avril,  la Soul Gift Revue de Raphael Wressnig avec Dietra Farr, Alex Schultz et Sax Gordon Beadle.

 

Jacques Périn