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Live reports / 20.04.2017

Daymé Arocena

Vue fin 2015, quelques temps après la sortie de son premier album, Daymé Arocena avait fait, malgré quelques réserves, plutôt bonne impression et donnait envie de l’entendre dans un contexte plus stimulant. Un an et demi et un nouveau disque plus tard, sa prestation dans un New Morning plein à craquer fait plus que confirmer les promesses de cette soirée de novembre 2015 aux Bouffes du Nord

C’est son mentor, le DJ et influenceur britannique Gilles Peterson qui vient la présenter à un public d’ores et déjà très excité. Accompagnée d’un quartet plus moderne et plus électrique que lors de sa précédente venue – je n’ai pas réussi à attraper leurs noms, mais il me semble avoir compris qu’il s’agissait des musiciens du disque –, la chanteuse ouvre en douceur avec deux titres sophistiqués d’inspiration religieuse qui lui permettent de faire étalage de ses grandes capacités vocales, avant de “lâcher les chevaux” dès le troisième titre, le très dansant Negra Caridad. Dès lors, le rythme ne retombera plus, et Arocena, qui présente chaque morceau avec humour en espagnol et en anglais, enchaîne les morceaux de bravoure essentiellement issus du nouvel album, comme le cha cha Lo que fue ou l’irrésistible It’s not gonna be forever, s’offrant un rare moment de répit romantique avec le très joli Valentine. Parfaitement accompagnée par un orchestre au diapason, qui suit chacune de ses improvisations – un beau duo en scat avec le batteur, par exemple – et réagit à chacune de ses sollicitations, elle entraîne sans difficulté un public conquis d’avance dans son univers, le faisant largement chanter et danser – un couple d’excellents danseurs s’invitera même brièvement sur scène sans que cela paraisse déplacé ou artificiel. Encore timide sur scène il y a dix-huit mois, Arocena se lance même dans un jeu de scène très explicite – mais bon enfant – sur le funk ravageur de Don’t unplug my body, final théorique du concert, suivi de deux rappels (parmi lesquels un titre du premier album, El ruso, demandé et obtenu par des fans) exigés à grands cris par un public visiblement conquis et qui semble conscient de vivre un grand moment.

À peine l’orchestre a-t-il quitté la scène que Gilles Peterson s’empare des platines pour un set à sa façon. Il ouvre, en contre-pied, sur un titre aux sonorités asiatiques avant de partir vers des rivages dans lesquels les différences stylistiques importent peu, proposant le final parfait à une soirée particulièrement réussie qui confirme le potentiel immense de Daymé Arocena, sans doute une des chanteuses à suivre du moment…

Frédéric Adrian

 


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