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Live reports / 19.08.2016

ChiCAGO BLUES FESTIVAL, PART 2/2

Suite et fin de notre compte rendu, consacré à la journée du dimanche qui a notamment connu un vibrant hommage à Otis Rush.

Dimanche 12 juin

Je n’ai pas pas le temps d’apprécier Melody Angel (vo, g), qui serait prometteuse, avec des textes sur le quotidien des ghettos. Je passe Jimmy Burns et consorts pour me laisser aller avec Diunna Greenleaf (vo) qui déménage avec aisance (merci Mike Wheeler, g). Omar Coleman (vo, hca), un peu trop axé sur Junior Wells soul blues (Peter Galanis, g), John Primer (vo, g) pour la bonne dose de Chicago blues traditionnel et bien enlevé. Lurrie Bell (vo, g) assure malgré une défaillance physique quelques jours auparavant, sur la scène du Fitzgerald’s. En cause : non-respect de son régime alimentaire.

 


Melody Angel © Brigitte Charvolin

 


Diunna Greenleaf © Brigitte Charvolin

 


Diunna Greenleaf © Brigitte Charvolin

 


Omar Coleman © Brigitte Charvolin

 


Lurrie Bell © Brigitte Charvolin

 

La soirée de clôture, en hommage à Otis Rush, débute à 17 h. C’est Ronnie Earl (g) qui ouvre, tout en beauté sonore, inventivité et blues lents, trop, d’ailleurs, pour les nombreux festivaliers alors que ses instrumentaux sont intenses et lyriques. As the years go passing by  est un sommet de délicatesse. Et la chanteuse Diane Blue semble le réconforter dans sa fragilité. Une heure trente de bonheur.

Eddy “The Chief” Clearwater, plumes au vent, enchaîne avec ses accords West-Side-Chuck Berry bien sentis. Et quelques petits classiques comme I came up the hard way.

 


Diane Blue, Ronnie Earl © Brigitte Charvolin

 


Ronnie Earl © Brigitte Charvolin

 


Eddy Clearwater © Brigitte Charvolin

 


Eddy Clearwater © Brigitte Charvolin

 

L’heure de l’hommage solennel à Otis Rush a sonné. Sous la direction avisée de Dick Shurman, d’anciens accompagnateurs (dont six cuivres, il n’y a qu’à Chicago qu’on peut voir ça !) et des bluesmen majeurs vont faire revivre ses titres, les habiter et les honorer dignement. Auparavant, par écran interposé, Carlos Santana et Buddy Guy en soulignent l’influence majeure sur leur jeu. Enfin, en chaise roulante et entouré d’amis, d’enfants et de proches, Otis Rush sera poussé sur scène pour recevoir des mains du maire la plaquette d’honneur qui lui consacre ce jour. Émotion. Buddy Guy en personne prendra la foule à témoin et Otis Rush, manifestement ému poussera quelques “yeah” vigoureux, les bras en V. Là, nous écraserons une larme. Le show, magnifique, peut débuter.

 


Buddy Guy © André Hobus

 


Buddy Guy, Ronnie Baker Brooks, Otis Rush © André Hobus

 


Mayor Rahm Emmanuel, Otis Rush et sa famille © André Hobus

 


© André Hobus

 


© Brigitte Charvolin

 


Otis Rush et son épouse © André Hobus

 


© Brigitte Charvolin

 

Jimmy Johnson, Carl Weathersby, Abb Locke, Billy Flynn, l’intense Monster Mike Welch, Ronnie Earl, Diane Blue, Mike Wheeler, des obscurs et des sans grades mais qui tous l’ont accompagné un jour en tournée (au Japon, par exemple) ou fidèles musiciens de clubs : les Big Ray (dm), le retour de Sam Burton (frère d'Aron) aux fûts, Bob Levis (g, mal en point)… À noter : le chanteur qui “monte” Mike Ledbetter (formation d’opéra !). Le festival se permet même de dépasser son couvre-feu habituel de 21 h 30. Grand moment inoubliable.

 


Ronnie Earl © André Hobus

 


Jimmy Jonson © Brigitte Charvolin

 


Carl Weathersby © Brigitte Charvolin

 


Abb Locke © Brigitte Charvolin

 


Billy Flynn © Brigitte Charvolin

 


Mike Welch, Mike Ledbetter © Brigitte Charvolin

 


Willie Henderson © Brigitte Charvolin

 


Rawl Hardman © Brigitte Charvolin

 


Hank Ford, Willie Woods © Brigitte Charvolin

 


Bob Stroger © Brigitte Charvolin

 


Sam Burton © Brigitte Charvolin

 


Buddy Guy, Ronnie Baker Brooks, Eddie Shaw, Billy Branch © Brigitte Charvolin

 

Peut-on concevoir un festival de blues à Chicago sans la présence et l’harmonica de Bob Corritore ? Non, évidemment ! Je n’ai que peu fréquenté la scène indépendante de la Windy City Blues Society, sise dans l’allée centrale du parc, mais nombreux sont ceux qui, comme moi, y ont transpiré abondamment à cette édition. Les “suspects habituels” Bob Stroger (b), Kenny Smith (dm), Rockin’ Johnny et Illinois Slim (g) sont présents derrière Tail Dragger (vo). Rob Stone (vo, hca) en est un autre et les Cashbox Kings sont toujours aussi. Autre harmoniciste calibré Chicago ? Russ Green, en soutient d’un leader banal, Frank Bang (vo, g). D’autres performers sont soit trop bruyants, soit par trop en concordance avec le programme officiel.

 


Bob Corritore, Rockin' Johnny © Brigitte Charvolin

 


Tail Dragger © Brigitte Charvolin

 


Bob Corritore, Tail Dragger, Rockin' Johnny © André Hobus

 


Cashbox Kings © André Hobus

 

Nouveauté cette année : la micro-scène à même le trottoir devant le stand du club Rosa’s. Barquette de catfish frit d’un côté de l’allée, Willie Buck, Demetria Taylor, Little Frank ou Martin Lang (hca) de l’autre. Quelle ambiance !

En marge du festival, les clubs affichent “blues”. Nous avons vu :

Morry Sochat & The Specials 20’s (Legends) : Harmoniciste-chanteur excitant, entre Chicago blues et rock’n’roll, avec toujours des accompagnateurs bien rodés. Ici : deux saxes, dont un doublant à la trompette et à la guitare complémentaire.

James Harman Birthday Party (Fitzgerald’s) : Au départ d’un set perso et accompagnement classique, dont Nathan James (vo, washboard, g) et un étonnant percussionniste drôlement efficace, le chanteur-harmoniciste de l’Alabama (il y tient) accueille ses invités du soir : l’impressionnant Nick Moss (vo, g, hca) et son chanteur soul Mike Ledbetter (à suivre), Tom Holland (g), Denis Gruenling (hca) – quelle dégaine et quel sound ! –, Mr. Nick (vo, hca)… Maestria relax dans la nuit.

 


James Harman © André Hobus

 


Nick Moss, Dennis Gruenling © André Hobus

 

Delmark Revue (S.P.A.C.E.) : Chaque année, l’élégante petite salle d’Evanston propose des stars de chez Bob Koester. Deux sets par : Dave Specter (g), au style varié, élégant mais un peu froid. Omar Coleman (vo, hca), néo-Junior Wells plutôt soul. Demetria Taylor (vo), kokotayloresque, bien sûr. Et, en vedette, Jimmy Johnson (vo, g), plaisir intemporel. Mais celui qui m’a scotché, c’est Corey Dennison (vo, g), ex-Carl Weathersby, au physique lourd à la Popa Chubby contre des vocaux et un jeu étonnement subtils et nuancés ! Je le verrais volontiers dans la tournée française annuelle.

 


Corey Dennison © André Hobus

 

Alligator Special (S.P.A.C.E.) : Même lieu, cette fois pour apprécier Curtis Salgado (vo, hca) en simple duo avec son guitariste. Et la salle se transforme en salon intime. Superbe ! En deuxième partie, Toronzo Cannon (vo, g) cartonne avec ses textes, une voix et le punch de sa guitare. Mon préféré des nouveaux protégés de Bruce Iglauer.

Enfin, à l’avant-veille du festival et dans le froid vespéral, la mairie faisait projeter sur l’écran géant de l’auditorium construit par Frank Gehry, le documentaire HBO sur Mavis Staples (bien fait, avec des témoignages – Bonnie Raitt, par exemple – et des archives tv). En avant-programme, sur cette immense scène conçue pour accueillir des chorales et autres orchestres symphoniques : Nellie “Tiger” Travis (vo) et son groupe, tandis que le système vidéo les projettent sous un autre angle. Présence saisissante et grossissements BD à la Roy Lichtenstein. Quand l’art rencontre la vie… Rendez-vous en 2017.

André Hobus

 


Nellie “Tiger” Travis © André Hobus

 


© André Hobus

 


Bruce Iglauer © André Hobus