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Live reports / 14.12.2015

Chicago Blues Festival

Depuis qu'il ne fait plus escale à Bagneux, le Chicago Blues Festival prend ses quartiers parisiens au Jazz Club du Méridien. Et, au lieu des maigres trois jours maintenant dévolus à la musique live dans ces lieux, il s'étend sur cinq soirées pour satisfaire la demande. Si l'on a connu par le passé des éditions bien éloignées de la référence géographique, celle de cette année témoignait d'une orthodoxie irréprochable, dans le fond en tout cas.

C'est un jeune et fringant Aki Kumar qui ouvre les festivités, soutenu par Willie Hayes et la paire Chris James-Patrick Rynn. Même si cet Indien né à Bombay a fait ses classes à San Francisco, c'est Little Walter qui l'a marqué durablement, comme le démontre sa version de I just keep lovin' her. Le chant manque encore de souplesse, mais, poussé par l'impeccable shuffle de Willie Hayes, son jeu d'harmonica dynamique et inspiré s'impose sans peine.

 


Aki Kumar

 


Willie Hayes
 

 

C'est ensuite au tour de Ken Saydak d'entrer en scène et d'asséner un boogie-woogie imparable au piano. Après avoir affirmé sa solidarité avec la France et Paris, il passera à l'orgue Hammond pour un Help me bien relevé par sa voix rocailleuse.

 


Ken Saydak

 

Accompagnateur avisé en rythmique, mais aussi soliste souvent sollicité, Chris James s'affirme définitivement comme le leader de la formation lorsqu'il se plante devant le micro. Sans fioriture ni effet appuyé, il chante le blues avec naturel et aisance, donnant le ton avec le Please take a walk with me Robert Lockwood Jr.

 


Chris James

 


Patrick Rynn

 

Comme le veut la tradition des CBF, c'est la chanteuse qui termine le set. Chick Rodgers (née à Memphis mais Chicagoane depuis plus de 25 ans) ne prouve rien sur un standard éculé comme Let the good times roll, mais elle se rattrape avec un medley (I'll play the blues for you, The thrill is gone…) où son chant imprégné de soul peut s'épanouir.

 


Chick Rodgers

 

Les sets suivants s'en tiendront au même canevas, sans beaucoup d'imagination ni prise de risque. Mais, heureusement, avec de bons moments, comme le très “otis-spannien” Time I spend alone de Ken Saydak, la reprise du Big town playboy d'Eddie Taylor à fort relent de Jimmy Reed par Chris James. Et surtout une version “power trio” du Mona immortalisé par Bo Diddley, dans laquelle tous se surpassent : la guitare “jungle” de Chris, la basse insistante de Patrick Rynn et la batterie de Willie Hayes véritablement à la fête. Quant à Chick Rodgers, elle se sortira mieux de I'm a woman que des rengaines pour bars à touristes…

Jacques Périn
Photos © J.-M. Rock'n'Blues

 


Chris James