Ludovic Louis, La Maroquinerie, Paris, 2024
15.10.2024
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11 novembre 2023.
Venue de Seattle, Lady A a tenu à se présenter comme « the real Lady A » (à ne pas confondre par exemple avec Lady Adrena dont nous chroniquions le CD dans le dernier numéro). C’est une chanteuse-entertainer efficace, résolue à faire participer le public et y parvenant. Cela dit, elle devrait se cantonner au répertoire festif dans lequel elle excelle, car elle montre ses limites en abordant une pièce plus exigeante comme A change is gonna come. L’accompagnement prodigué par le groupe de Marquise Knox (Matthew Lesch à la guitare, Gus Thornton à la basse et Alfred Barnes aux drums) est d’une efficacité sans faille.
C’est Dexter Allen qui lui succède. L’ancien guitariste de Bobby Rush, pilier de la scène de Jackson, Mississippi, n’a pas besoin de forcer sa nature pour convaincre. Élégant dans sa mise comme dans son jeu, c’est un plaisir de suivre le développement de ses intros ou de l’entendre chanter à l’unisson de ses solos (en ostinato). B.B. King l’a profondément marqué, mais il sait l’évoquer sans le copier. On est un peu frustré de le voir partir au bout deux morceaux. Certes, il reviendra en seconde partie, mais selon le même cérémonial.
Marquise Knox se souvenait être déjà venu à Tremblay. C’était en 2012, il avait 21 ans. Onze ans plus tard, il est devenu une figure respectée des circuits blues, mais sans occuper, à mon sens, la place qui devrait être la sienne. Il a encore démontré sa totale implication dans son art, qui n’a pas besoin d’adjuvants pour convaincre. Il sait pouvoir compter sur ses capacités musicales pour captiver son auditoire. L’éloquence de son jeu de guitare, l’expressivité de son chant suffisent. Il se passe aisément de micro sans forcer sa voix. Et lorsqu’il prend l’harmonica, Matthew Lesch prend le relai à la guitare. Rien d’affecté pour autant dans son attitude, c’est un homme de scène qui sait bouger, danser, jouer la comédie, dialoguer. Et qui sait choisir son répertoire : Smokestack lightnin’, Walking the dog, She’s a good ‘un… Sa version de Me and the devil de Robert Johnson est bouleversante de simplicité et le Understand de B.B. devient une profession de foi : I am a good man, I am poor man, I am a bluesman, do you understand? Rituellement, tout le monde se retrouve pour le final avec Don’t make your move too soon sur lequel plane encore l’ombre de B.B. King.
Une excellente soirée pour un grand millésime du CBF (très blues, mais pas du tout Chicago !) qui, à l’avenir, mériterait peut-être de sortir de son canevas un trop formaté, pour susciter des interactions entre les protagonistes.
Texte : Jacques Périn
Photos © J-M Rock’n’ Blues
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