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Live reports / 02.06.2016

Charles X

Précédé d’un buzz flatteur – on l’entend même sur Radio Nova et Télérama lui a consacré un article enthousiaste –, Charles X attire un public copieux à la Maroquinerie, dont bon nombre de personnes qui ont déjà eu l’occasion de l’entendre à l’occasion d’une de ses prestations parisiennes précédentes. En ouverture, le beatmaker Romain Jovion, seulement armé de son ordinateur et d’une batterie électronique, peine à faire réagir, avec son électro pourtant dansante et accrocheuse, un public qui visiblement se réserve pour la vedette de la soirée.

Accompagné d’un simple (mais pertinent) trio de musiciens (un batteur, un percussionniste – électronicien – clavier occasionnel, un guitariste-bassiste-clavier) et d’une choriste, Charles X ne peut pas reproduire sur scène les arrangements élégants de son “Sounds Of The Yesteryear” dont mon excellent collègue Matthieu Presseq vous disait le plus grand bien dans notre numéro 222, et met donc l’accent sur le versant hip-hop de sa musique plus que sur sa dimension soul. Il a d’ailleurs renoncé au look rétro de la pochette de ce disque pour un style plus moderne.

Sur scène, il se la joue décontracté, s'amusant avec un pistolet à bulles, demandant au public de chanter avec lui quelques phrases du navrant tube eurodance des années 1990 Scatman (Ski-ba-bop-ba-dop-bop) et faisant quelques plongées dans la foule aux anges. Il va même jusqu’à demander au milieu du concert s’il peut prendre une pause pour aller fumer, mais y renonce au vu des réactions ! La nonchalance affectée sur scène ne l’empêche pas de prendre au sérieux ses interprétations. Suivant les morceaux, on pense à Common ou à D’Angelo, sans que le passage de la soul au hip-hop ne sonne artificiel. Le tube Can you do it est accueilli par des cris de joies, mais c’est également le cas des morceaux plus anciens comme The letter. Après avoir annoncé que son but dans la vie était de fumer de l’herbe et de faire des bébés (en précisant qu’il n’avait pas encore engagé la deuxième partie du projet, la première semblant être très présente à son esprit), il clôt le concert sur une belle et inattendue version de Stand by me (celui de Ben E. King !), accompagné seulement de son guitariste et des voix de l’ensemble du public. Désordonnée et enthousiasmante, sa prestation confirme qu’il y a un avenir pour la soul en dehors des démarches nostalgiques !

Frédéric Adrian

 


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