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Live reports / 05.07.2017

CHAMPS-ÉLYSÉES FILM FESTIVAL : Escale à La Nouvelle-Orléans

La sixième édition de ce festival de cinéma franco-américain faisait cette année une escapade à La Nouvelle-Orléans, avec une programmation – et une chaleur – typiquement louisianaise. Réfugiés dans les salles climatisées nous avons (ré)écouter avec plaisir Johnny Adams ou Sonny Terry lors des visions du Bad Lieutenant drogué (Nicolas Cage). Dans La Petite, où le pianiste James Booker interprète du Jelly Roll Morton, nous redécouvrons le générique avec le travelling sur la maquette de la ville (avant la destruction en 1917 du quartier de Storyville, berceau du jazz) : créée par deux passionnés Pierre Merlin et Pierre Altan, elle a été offerte à La Nouvelle-Orléans après Katrina.

 


Maquette de La Nouvelle-Orléans réalsiée par Pierre Merlin et Pierre Altan 

 

Dans L'épouvantail, Jerry Schatzberg, invité d'honneur du festival, nous gratifiera de Lee Dorsey, d'Aretha Franklin et Wilson Pickett via les scènes dans des bars miteux. Brownie McGee reste un convainquant bluesman dans Angel heart, mieux que Buddy Guy Dans la brume électrique : nous le préférons chantant son blues coloré par l'accordéon zydeco de Nathan Williams.

Dans le polar Johnny belle gueule, avec Mickey Rourke, la guitare de Ry Cooder ponctue la réalisation tendue de Walter Hill, aussi auteur de Sans retour. Ce film est évoqué pendant une table ronde car Marc Savoy (le père de Sarah Savoy) y fait une apparition et aussi parce que les cajuns y sont présentés de manière assez négative, tout comme dans La Princesse et la grenouille, charmant film d'animation Disney où ils ont la forme d'insectes édentés.

 



Clint Bowie, Sara Le Menestrel (animatrice), Jean-Pierre Bruneau, Sarah Savoy

 

Pour une meilleure évocation de nos amis francophones, il faudra essayer de (re)voir Louisiana story (1948), document-fiction de Robert Flaherty. Tchoupitoulas (2012) a cette même approche de cinéma vérité en faisant errer trois jeunes gens du quartier d’Algiers, dans la nuit interlope de Big Easy : ils y rencontreront musiciens de rue, fanfares, strip-teaseuses et Little Freddie King jouant dans un club. Notre collègue Jean-Pierre Bruneau rappellera que Treme reste l'incontournable série sur la Cité du Croissant présentant sa musique mais aussi ses problèmes sociaux et tragiques. Clint Bowie, programmateur au festival du film de La Nouvelle-Orléans, précisera que le cinéma sudiste est loin d'être au niveau de New York ou d’Hollywood, la ville étant surtout attractive pour les producteurs car l'État de Louisiane propose 30 % de réductions sur les taxes.

Pour la fête de la musique, la toujours souriante Sarah Savoy et son orchestre cajun nous feront danser sur les toits de Paris, dans le soleil couchant. Les réjouissances s'achèveront dans l'historique hôtel France-Amérique au son de la fanfare second line française NOLA French Connection Brass Band.

 



Sarah Savoy

 

 


NOLA French Connection Brass Band

 

Et si, après Detroit, Chicago et La Nouvelle-Orléans, le Champs-Élysées Film Festival remontait la Highway 61 vers Memphis ?  On pourrait ainsi revoir un vieux film d’Elvis ou le superbe Mystery train de Jim Jarmush avec Rufus Thomas et l'inoubliable Screamin' Jay Hawkins.

Texte et photos : Christian Esther