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Live reports / 04.11.2016

Carte blanche à Arnaud Fradin

Le Zygo Bar avait engagé Arnaud Fradin pour trois soirs de suite en lui donnant carte blanche. Pari sans risques car l’homme a un catalogue suffisamment large pour ça. Le vendredi 28 octobre, c’était Arnaud Fradin & his Roots Combo. Nous n’y étions pas pour cause de concert des Nolapsters à Pornichet, mais les retours entendus le lendemain étaient très élogieux.

Le samedi justement est le tour de Stagger Lee, la formation électrique qu’Arnaud a mise en place depuis quelques mois avec Thomas Troussier à l’harmonica, Max Genouel à la deuxième guitare, Miguel Hamoum à la basse et Fabrice Bessouat à la batterie. C’est du lourd et c’est un Zygo Bar ultra-rempli et chauffé à blanc qui les attend. Arnaud, Fabrice et Miguel sont tassés sur la très petite scène, Thomas et Max sont debout au pied. Le shuffle instrumental d’ouverture met tout le monde en mouvement et le groupe part dans un formidable répertoire de blues électrique, aux origines diverses, et de soul, empruntant à Bobby Bland, Gary Primich, Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Eddie C. Campbell, Hound Dog Taylor, Lurrie Bell et consorts. Le son est magnifique, Arnaud, qui tient la console, maintenant son groupe dans la chaleur et l’ampleur plutôt que dans la puissance brute. Le plaisir des musiciens de jouer ensemble, de se laisser de la place, de se soutenir, de s’encourager, est visible. Seul Arnaud se lâche un peu sur la pédale à effets dans la reprise de Cheatin' and lyin' de Cyril Neville. Le constat est clair : il y a peu de groupe qui savent comme eux manier la tension-détente du blues, d’autant qu’on voit parfaitement que ce n’est pas un artifice scénique. Ces gens vivent le blues et le jouent comme tel. Le formidable blues lent du deuxième set l’illustre : une intro à la Albert Collins qui se prolonge en blues classique, Thomas qui laisse ses tripes à l’harmo, Arnaud qui prend sereinement le relais, comme le patriarche blues nantais qu’il est – au sens de l’expérience et du talent bien sûr, pas de l’âge ! –, Max Genouel qui confirme sa progression permanente, Miguel qui pompe le rythme sans frémir, comme un sphinx de la basse, et Fabrice qui bat en souriant d’aise. On rentre heureux après ça.

 


Max Genouel

 


Arnaud Fradin

 


Thomas Troussier

 

Pour redescendre doucement, on revient le dimanche soir pour une séance de blues acoustique jouée par le duo Arnaud Fradin & Thomas Troussier. Comme avec le Roots Combo, mais sans la contrebasse d'Igor Pichon ni les percussions de Richard Housset, le répertoire mélange l’ancien et le nouveau, Muddy Waters, Skip James, Elmore James mais aussi… Malted Milk, avec une reprise de I know it was your love. Tout est homogénéisé dans une approche qui modernise l’ancien et patine le nouveau. Arnaud alterne entre guitare acoustique et dobro, sur laquelle il joue aussi en slide. Thomas laisse entendre un peu plus de Sonny Boy Williamson n° 2 que quand il joue amplifié. Si la virtuosité reste de mise, c’est le feeling et la sensibilité qui l’emportent et le public ondule doucement. Surprise de la soirée avec l’apparition de Tchavolo Schmitt pour une intervention forcément remplie de swing. Arnaud et Thomas se disent un peu fatigués après tout un week-end à jouer, et à enregistrer pendant la semaine précédente, mais qu’ils soient assurés que leur fatigue a donné de la force au public qui en a bien profité.

Texte et photos : Christophe Mourot

 


Thomas Troussier, Arnaud Fradin

 


Tchavolo Schmitt