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Live reports / 15.06.2012

BLUES ON THE FOX


Shemekia Copeland

Relégué cette année sur un parking nu, soleil tapant, en attendant son nouveau site en construction, le festival Blues On The Fox porte le nom de la rivière qui coule doucement au centre la ville d’Aurora, Illinois, au charme rétro, et connue des amateurs de blues puisque, dans les années 30 et 40, RCA-Bluebird y réalisera des enregistrements historiques en son hôtel principal. Une plaque commémorative le rappelle.

 Le temps a passé, bien sûr, mais programmer Shane Dwight et Kenny Wayne Shepherd – qui ont attiré la foule (!) – le premier soir relève de l’hérésie, même si ces deux guitaristes – et Shepherd ne chante même pas, supportant une sorte de sous-Paul Rogers banal – ont “flirté” avec le genre, c’est-à-dire le réduisant à de la formulation bruyante. Passons. Cependant, l’ambiance est sympa, avec ses stands attendus de mal bouffe attractive et une gentillesse toute provinciale : nous sommes dans le Middle West (pas de “bureau” démocrate ou pro Obama comme à San Francisco, par exemple).

 Le deuxième jour – raison principale pour nous y rendre – était le plus intéressant.

Shemekia Copeland. Incontestablement d’un niveau très supérieur (vocaux, accompagnement) à (presque) toutes les “divas”, ou prétendues telles, formule à la mode dans les festivals. La fille de Johnny – elle fait toujours référence à sa mémoire – propose un répertoire personnel et fait preuve de ce “panache contrôlé” qui vient de l’intérieur, pas d’une tenue vestimentaire, par exemple.

 

The Lee Boys. J’ai mieux apprécié leur set qu’auparavant, moins “volumineux” – ou était-ce la grandeur du parking ? –, plus centré sur la steel guitar et les voix. Leur message religieux, comme pour les Campbell Brothers, s’en tient aux valeurs chrétiennes traditionnelles.

 
Roosevelt Collier


Alvin Lee

Chicago Blues: A Living History. Ou le condensé live de leurs deux doubles CD. Tiens, revoilà donc nos “suspects habituels” : Billy Flynn, Billy Branch, Kenny Smith, John Primer, Lurrie Bell, Carlos Johnson, Matthew Skoller… auxquels s’est ajouté Johnny Iguana au piano (ex-accompagnateur de Junior Wells). Répertoire convenu Chicago blues pur sucre, avec en invité Billy Boy Arnold qui semble peu concerné, en vitesse de croisière, mais aussi “naturel” en Big Bill Broonzy, son nouveau succès, qu’en Sonny Boy Williamson.


 
Matthew Skoller et John Primer 


Billy Boy Arnold


Johnny Iguana


Billy Branch

The Neville Brothers (Art, Charles et Cyril). Comme créateurs, gardiens de la flamme soul-funk néo-orléanaise, les frères Neville sont dans leur rôle et proposent les titres historiques attendus, où leurs percussions sont mises à l’avant-plan. Fort bien. Mais après 45 minutes de ces mêmes rythmes syncopés – heureusement, Billy Branch vient jammer  sur quelques titres plus blues –, ils finissent par me lasser. À ce moment, un violent orage suivi de ses pluies torrentielles met fin à leur concert.


Charles Neville


Cyril Neville

Nous sommes invités à nous réfugier dans le casino voisin, sponsor du festival, où, comme pour le soir précédent, Guy King et son groupe avec clavier, sont programmés pour la nuit. Celui-ci, imperturbable malgré les joueurs à quelques mètres (!), les tintements, sonneries et bruits métalliques des machines à sous, propose un répertoire précis, très B.B. King 60’s. Ils entraîneront même quelques danseurs et les amateurs de blues que nous sommes. Quel plaisir, d’autant plus que chaque set dure une heure trente !

André Hobus
Photos © André Hobus


Guy King