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Live reports / 23.08.2016

Blues in Haut-Anjou

C'était la quatrième édition de ce festival gratuit qui a pour cadre le cloître des Ursulines à Château-Gontier. Tous les protagonistes de la soirée du samedi se retrouvaient le dimanche après-midi, augmentés de Philippe Ménard.

Pas facile d'ouvrir à 14 heures quand le soleil tape et que le public encore clairsemé recherche l'ombre. Mais Daddy MT & The Matches assurent et délivrent leur Chicago blues de haute volée. Ils puisent dans leur propre répertoire, parfaitement crédible, mais reprennent aussi Everybody wants to win, un vieux titre de Lurrie Bell auquel Mathieu Tessier rend un hommage appuyé. Ils ont en commun une très efficace attaque des cordes avec le pouce. À ce beau toucher, MT ajoute une voix puissante et grainée, taillée pour le blues. Les Matches assurent façon Teardrops avec Olivier Lombardi (b), Nicolas Ammollo (dm) et de belles échappées de Christophe Oliveres. Bonne nouvelle : le second album est pour bientôt !

 


Mathieu Tessier

 

Dans le cloître, deux scènes se font face, si bien que lorsqu'un set se termine sur l'une, il suffit d'opérer une rotation à 180 degrés pour se tourner vers l'autre où commence le concert suivant. En l'occurrence, c'est Philippe Ménard, notre one-man band favori (guitare, harmo et percussions), qui continue à célébrer, la mémoire de Rory Gallagher, vingt ans (plus un) après sa disparition. Commencé en mode folk acoustique, son hommage monte en puissance et s'électrise, passe au blues avant de virer rock, pour un portrait complet de son grand homme. Sa relecture de quelques thèmes de Gallagher permet d'en (re)découvrir la richesse et la profondeur quelquefois enfouies sous les décibels des originaux.

 


Philippe Ménard

 

 


Philippe Ménard

 

Quarante-cinq minutes plus tard, nouvelle volte-face car Slawek est en place, simplement accompagné d'un percussionniste-bassiste, quand la veille, il s'était produit avec son orchestre. Au fil des années, le blues de Slawek s'est métissé, ouvert aux musiques du monde, notamment aux sonorités orientales (Intanblues). Son blues sans frontières s'exprime aussi bien en français qu'anglais, portée par une voix qui préfère légèreté et douceur, façon Skip James, au bruit et à la fureur. À la guitare, il caresse les cordes et lorsqu'il reprend Cocaine on pense plus à George Benson qu'à Clapton. Final finement chaloupé avec I shot the sheriff.

 


Slawek

 


Slawek

 

On se retourne encore une fois vers la scène que Philippe Ménard n'avait que temporairement quittée pour un nouveau set plus éclectique dans ses inspirations, même si Gallagher ne sera pas oublié. Les années passées sur la route, de troquets en festivals, lui ont apporté un art consommé de la scène et du public, mais n'ont pas entamé son implication. Aucunement blasé, il reprend ses “classiques”, comme ce Shangai blues vibrant d'intensité ou le Madison blues d'Elmore James qui donne des envies de danser. Respect de l'horaire oblige, il est interrompu, mais on lui promet de revenir pour la jam finale. Le Ben Woodoo Band lui succède dans une veine rock que nous n'avons pas compétence à commenter… Ce sera pour nous la conclusion d'un festival éminemment sympathique et encore trop confidentiel.

Texte et photos : Jacques Périn