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Live reports / 09.12.2021

Bjørn Berge + Dom Ferrer, BBC, Hérouville-Saint-Clair

23 novembre 2021.

On circule bien ce soir, au Big Band Café d’Hérouville-Saint-Clair près de Caen : quelques 200 personnes (sur une jauge de 600) ont fait le déplacement en ce mardi soir froid et sec pour assister au dernier des cinq concerts donnés cet automne en France par le Norvégien Bjørn Berge. Avant la prestation attendue du colosse aux allures de Viking, Dom Ferrer est chargé d’ouvrir une soirée programmée ici dans le cadre des Boréales, un “festival en Nord” consacré en Normandie aux cultures des pays scandinaves.

Récemment installé dans la région, dans le village de Saint-Pierre-du-Regard, dans l’Orne, près de Condé-sur-Noireau en Suisse normande, Dom a nourri son goût pour les musiques américaines à coups de séjours répétés outre-Atlantique et cela s’entend. Son blues rock fait plaisir à entendre. En ouverture, Give me a break est un extrait de son dernier album en date, “Your Rules Are Not Mine !”. Lent et profond, le morceau nous prend tout de suite aux tripes grâce au bon son délivré par Franck Saviard à la basse, Nils Hecquet à la batterie et Damien Chopard à la guitare lead. Mention spéciale à ce dernier quand il double de sa voix aérienne celle, rocailleuse, du leader. Place ensuite à une reprise du jeune John Moreland de Tulsa, Oklahoma, suivie d’une paire de compositions originales tour à tour enlevées et introspectives qui continuent de nous convaincre que Dom Ferrer a trouvé sa voie, dans le sillage de JJ Cale, Johnny Winter et Joe Cocker. Sans oublier David Bowie, l’un des chocs musicaux de Dom via son album “Diamond Dogs” (1974), dont il reprend le célèbre Rebel rebel en rappel. Une demi-heure de plaisir, celui de se retrouver ensemble autour de musiques joliment importées d’outre-Atlantique en passant par la Manche. 

Dom Ferrer

À 53 ans, Bjørn Berge porte de longs cheveux blonds et fins et sa chemise légère s’entre-ouvre sur un torse puissant agrémenté d’un long collier. Seul en scène, assis sur une chaise toute simple, il teste avec humour ses quelques connaissances de français auprès d’un public réceptif et entame un set basé sur ses talents de guitariste slide et de chanteur baryton. Pour reprendre le titre de son dernier album, “Heavy Gauge”, c’est du gros calibre. Célèbre en son pays depuis le tournant des années 1990 à 2000, Bjørn Berge alterne avec savoir-faire moments calmes et temps forts menés tambour battant. Il aime bien ces onomatopées qui s’affranchissent des barrières de la langue (lalala et autre nanana) et cela fonctionne bien auprès de spectateurs conquis, y compris quand il annonce qu’il va jouer du… disco (on reconnaît, de loin, Can’t get you out of my head de Kylie Minogue).

Mais l’homme est évidemment plus proche de l’americana de Johnny Cash (Asshole, titre déjà vieux de vingt ans) que de la musique pop mondialisée : sa marque de fabrique reste sa puissance vocale et sa vitesse d’exécution à la guitare. En rappel, l’homme-orchestre dépasse l’heure et demie et nous offre une démonstration de jeu en bottleneck sur une guitare placée cette fois à l’horizontale sur ses solides genoux. Bjørn Berge est un showman attachant qui peut parfois en faire un peu trop mais, avec son évidente générosité, il sait très bien comment rompre la glace qui sépare parfois la scène de la salle. Une soirée en or de plusieurs carats. 

Texte : Julien Crué
Photos © Jacks-Pixels.com

Bjørn Berge
Bjorn BergeDom FerrerJulien Crué