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Live reports / 07.10.2016

BJ The Chicago Kid

Une voix très sollicitée en studio dans le hip-hop, la soul et le R&B des années 2010. Mais on aurait tort de réduire le talent de Bryan James Sledge à une série de “featurings” prestigieux tant il sait endosser brillamment un costume de soulman d'aujourd'hui. C'est ce que laissait entrevoir un premier album en 2012, c'est ce que confirme nettement son “In My Mind” paru en début d'année chez Motown. Malgré quelques longueurs, ce disque contient de vraies perles qu'on attendait de goûter “live”. Pas de chance, le kid de Chicago a fait le déplacement muni du strict minimum : un guitariste et un DJ. Question relief sonore, on repassera. D'entrée, le pourtant excellent Turnin' me up dévoile les limites de la formule : à la rythmique sortie de l'ordi se mêle une guitare un peu bruyante, un peu brouillonne. Volume et compression se chargent d'anéantir la dynamique. Ça s'arrangera un peu ensuite, mais dans une telle configuration BJ va privilégier largement le versant hip-hop de sa musique. Logique. Et décevant. Une petite heure sur scène avec des titres souvent écourtés qui s'appuient (trop) sur ce que balance le DJ, ça vous laisse plus une impression de showcase que de réel concert.

 

 

 

 

Les duos karaoké avec Kendrick Lamar (His pain) et Schoolboy Q (Studio, It's true) sont loin d'être désagréables, mais on en vient à regretter que, tant qu'à faire dépouillé, BJ n'ait pas opté pour un set acoustique. Car, outre une présence assez électrique, le trentenaire au bandana est bien capable de faire passer le frisson avec apparemment peu de chose (en fait une bonne chanson), comme lorsqu'il laisse parler son amour profond pour le « R&B à l'ancienne, celui qui suggère plus qu'il en dit ». The resume, ce slow qui sans rythmique vibre sur des braises de Roger Troutman, atteste de la portée du phrasé alerte et du falsetto aérien de BJ le chanteur. Tout comme Church, écho diablement bien troussé à une éducation qui mêle aux codes de l'église parentale ceux du bitume du Southside de Chicago. Autrement, les Shine,  Falling on my face, Woman's world ou encore Jeremiah/World needs more love sont aux abonnés absents : malgré son visuel affiché en banderole, “In My Mind” est peu cité ce soir. Et à l'image de ce New cupid passé par le DJ seul sur scène en fin de programme, c'est un goût d'inachevé qui au final l'emporte.

Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot