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Brèves / 05.07.2011

À Vienne, le piano n’a pas d’âge

Lundi 4 juillet, soir de piano à Vienne. La jeune japonaise Hiromi Uehara, qui se produit simplement sous le nom d’Hiromi, est une protégée d’Ahmad Jamal, qui l’a découverte en 1979, alors qu’elle était encore adolescente. Aujourd’hui âgée de 32 ans, elle surprend par sa virtuosité ahurissante et son énergie débordante plus ou moins contenue, au service d’un jazz où fusion et classique font le meilleur ménage. Derrière son ravissant visage de gamine espiègle toujours illuminé d’un large sourire un peu interrogateur, elle impressionne et bouleverse pour conquérir le public. Au final, elle fait un de ces « cartons » qui font la réputation de Jazz à Vienne… De presque 50 ans son aîné (il est né le 2 juillet 1930), son mentor Ahmad Jamal est évidemment moins exubérant. Mais quel toucher, et quelle gestion des silences ! Les doigts de la main droite de Jamal caressent les touches, ses mains se lèvent puis s’abattent soudainement dans un style hautement personnel, accentuant un décalage (les techniciens parlent de déconstruction) selon une architecture polyrythmique qui n’appartient qu’à lui. D’ailleurs, un de ces surnoms est « l’architecte »… Cela repose certes sur une qualité d’arrangements exceptionnelle, mais c’est évidemment le cas. Quelle que soit la génération, le piano jazz ne meurt jamais. La meilleure soirée jusque-là.

Daniel Léon