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Live reports / 23.03.2012

À VAULX JAZZ – NUIT DU BLUES

 
Sista Monica


Deux festivals régionaux atteignent le quart de siècle la même année, Vaulx-en-Velin et Salaise-sur-Sanne. En cette fin mars à Vaulx, Sista Monica Parker se présente la première et quelques instants suffisent pour comprendre que la dame est en premier lieu habitée de gospel : la voix est souple, ample, puissante mais naturelle. Notamment grâce à son dernier CD très réussi et résolument moderne (“Living In The Danger Zone”), elle commençait à attirer sérieusement l’attention. On comprend mieux pourquoi et la confirmation sur scène s’avère fort brillante. À l’instar du CD précité, le registre est très axé sur un blues contemporain (« C’est mon disque le plus blues », nous a-t-elle d’ailleurs concédé en interview), mais elle émeut et frappe réellement les esprits sur des titres lents comme Pussy cat moan et Let me moan, deux complaintes particulièrement poignantes… Au sein de la formation, si le guitariste au jeu étouffant peut irriter (Bill Vallaire), il faut en revanche souligner l’efficacité de la section rythmique, avec un batteur très réactif (Leon Joyce Jr.) et surtout un bassiste absolument remarquable de groove et de dynamisme contagieux (Artis Joyce). La soirée est bien lancée !


Bill Vallaire et Sista Monica

Par rapport à sa prestation ici-même en 2007, Zac Harmon a sensiblement durci sa musique, et son batteur Cedric Goodman qui met tout à gauche en matraquant sa caisse claire n’y est pas pour rien… On peut le regretter car le Californien d’adoption (il est né à Jackson au Mississippi) demeure capable de beaux moments d’intensité et de feeling au chant et à la guitare, comme cette lecture convaincante de Bluebird en première partie de concert.


Zac Harmon


Grady Champion

Vient ensuite l’invité de la soirée en la personne d’un autre artiste de Jackson, le chanteur et harmoniciste Grady Champion, qui incarne en quelque sorte la nouvelle génération. Et il démarre sur les chapeaux de roues avec My rooster is king, un tour de force qui le conduit au milieu des spectateurs. Harmoniciste fougueux doté d’une bonne technique, il se distingue surtout par une étrange voix de gosier peu courante. Mais le concert s’enlise progressivement, les deux artistes ne peuvent se priver d’en faire des tonnes, étirant les plages au-delà du raisonnable (I’m a man) et perdant dès lors en spontanéité. Ceci étant, le public semble apprécier et c’est bien l’essentiel !
Daniel Léon
Photos © Brigitte Charvolin


Zac Harmon et Grady Champion