13 décembre 2021.

Après une année de pause, la grande soirée organisée par la radio TSF Jazz retrouvait la salle Pleyel et un vrai public pour sa dix-huitième édition. Peut-être pour compenser l’annulation de l’année dernière (remplacée par quelques prestations à distance, en direct depuis le Duc des Lombards, quand même), le programme est particulièrement copieux et luxueux : pas moins de dix-neuf noms (groupes ou artistes) à l’affiche avec une particulière densité de vedettes du genre (Ibrahim Maalouf, Kyle Eastwood, Michel Portal, Melody Gardot, Jamie Cullum) qui n’empêche pas la présence d’artistes émergents comme le saxophoniste Léon Phal, le pianiste Yakir Arbib, le quatuor Django Legacy, la chanteuse Gabi Heartman ou les jeunes pointures des Paris Jazz Sessions. 

Comme la programmation musicale de la radio, le programme de la soirée se balade tranquillement entre les différentes couleurs du jazz, du jazz traditionnel des Paris Jazz Sessions – qui vont jusqu’à se produire sans amplification ! – au son klezmer du clarinettiste Yom, en passant par les épices cubaines du dernier projet du saxophoniste Samy Thiébault et les explorations spatiales de Thomas de Pourquery, quitte à s’offrir quelques transitions surprenantes, comme la succession entre l’ascétisme de Michel Portal et le glamour de Melody Gardot – même si tous deux se produisent dans le même format, accompagnés seulement d’un pianiste.

Invité surprise depuis New York, le pianiste Emmet Cohen offre un moment insolite en jouant à distance d’un piano installé sur la scène de la salle Pleyel. Pendant que les techniciens font des prouesses dans les changements de plateau, Sébastien Vidal et Laure Albherne, deux voix familières aux auditeurs de TSF Jazz, assurent les transitions… Même si les contraintes de temps sont frustrantes – c’est un morceau pour chacun, indépendamment de la notoriété ! –, le paysage tracé de l’état du jazz aujourd’hui est réjouissant. Si certains projets sont évidemment éloignés des musiques auxquelles s’intéresse particulièrement Soul Bag, le niveau est uniformément élevé, avec un coup de cœur particulier pour la délicatesse de Yakir Arbib, la puissance de feu du Big In Jazz Collective – Soul Bag vous en disait du bien l’été dernier –, l’élégance de Gabi Hartmann et le groove de Kyle Eastwood en mode musique de film.

Après avoir ouvert la soirée en beauté (à la suite d’une introduction un peu mièvre par Ibrahim Maalouf) avec un All I want for Christmas is you vitaminé par ses deux voix régulières (Pablo Campos et Célia Kaméni) et l’invitée China Moses, c’est à l’Amazing Keystone Big Band, qui mérite bien son superlatif, qu’il appartenait de clore la soirée avec un répertoire de chansons de saison et un final survolté emmené par Jamie Cullum et un Ibrahim Maalouf qui a retrouvé l’inspiration, avant que tous les artistes viennent saluer un public plus qu’heureux d’avoir retrouvé ce rendez-vous essentiel de la fin d’année.

Texte : Frédéric Adrian