23 octobre 2019.

Petite salle et grand jeu. Avec son étroite scène en contrebas, ce club de la rue Saint-Maur est même minuscule. Mais c’est bien là qu’eut lieu la première date française de Wilder Woods, le projet soul de William “Bear” Rinehart, leader de Needtobreathe, groupe rock qui draine de larges foules outre-Atlantique. Alors, retour à la case showcase pour quelques initié.es dans un pays qui ne le connaît pas ? Non, un set retentissant comme si c’était l’Olympia. 

Les quatre gaillards en lunettes noires qui se tassent dans les quelques mètres carrés disponibles ne laissent guère de place au doute. The Fours20s est un gang de pointures parées à envoyer du groove bien épais, à creuser le funk, à faire jaillir des éclairs rock, mais aussi à cultiver des fines touches gospel, country et folk. Du sur-mesure pour donner vie au tout récent premier album solo (sorti en août sur Atlantic, cf. chronique) d’un patron chapoté qui les rejoint vite pour que retentisse Light shine in. Refrain chanté les tripes à l’air et déjà les murs qui tourbillonnent. Ainsi les dix compos bien troussées du LP prennent vie avec un bon surplus d’aspérités.

Un Crazy (Gnarls Barkley) bien funky et une incitation à la dance en citant Sly & the Family Stone gonflent la setlist pour atteindre une bonne heure dense et intense. Les Sure ain’t, Electric woman, What gives you the right ou encore l’attendu Supply & demand profitent bien de la complicité électrisante qui irradie la pièce. Ici Woods saisit une jolie Gibson ES-335 pour asséner un solo saignant gorgé de blues, là il enfile une acoustique et guide en tempérant. Car ses chansons à dominante country soul exposent de belles nuances : Someday soon, Mary, you’re wrong et surtout en fin de parcours un Religion joué seul sans amplification qui débouche sur un bel instant de partage avec un public resserré et décidément bien loti. 

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Sébastien Marchadier