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Brèves / 10.07.2013

Voix de jazz à Vienne

Ce mardi 9 juillet était centré autour du jazz vocal. La jeune franco-américaine Cécile McLorin Salvant fait étalage de tout son talent : non seulement elle chante parfaitement en anglais, mais sa voix profondément « nature » sait prendre toutes les inflexions, sensuelle (You’re going to be a habit with me, So in love), pleine de swing quand elle reprend Billie Holiday (What a little moonlight can do), mais aussi pleine de rage contenue sur Growlin’ Dan. Et quand elle quitte la scène au bout d’une trentaine de minutes, on s’aperçoit combien ces trop courts concerts d’ouverture peuvent être des crève-cœur… Mais à seulement 23 ans, Cécile a tout le temps devant elle. La chanteuse cède la place au saxophoniste et flûtiste virtuose de l’improvisation Charles Lloyd, dont on se souvient qu’il fit ses premières armes avec des bluesmen comme B. B. King, Howlin’ Wolf et Bobby Bland ! Véritable musicien du monde bien que méconnu comme tel, Lloyd se présente cette fois avec l’Indien Zakir Hussain, étourdissant aux tablâs et envoûtant au chant sur des compositions tirées de leur album de 2006 « Sangam » (Guman). Certes éloignées de notre spectre, leurs longues plages sont en fait des suites sur lequelles les musiciens démontrent une imagination qui dépasse le talent. On attendait beaucoup du duo composé de la chanteuse Dee Dee Bridgewater et du pianiste Ramsey Lewis. Hélas, la chanteuse apparaît le temps d’un seul titre puis quitte la scène, laissant Lewis en leader pour des titres dont les plus intéressants installent une atmosphère intimiste (le medley Dear lord/Blessings). Mais le groupe qui l’entoure se contente du minimum, en particulier le batteur qui s’avère bien quelconque. Et quand Dee Dee revient, c’est maintenant Lewis qui se retire, remplacé par le pianiste attitré de la chanteuse ! Quid du duo annoncé ? Dee Dee se livre alors à un show dont il est malaisé de cerner les influences (funk, R&B, soul ?). Face à ce concert quelque peu décousu, on rend les armes au bout d’une heure, sans savoir si le duo se constituera enfin… Dommage. À quand une revanche ?
Daniel Léon