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Brèves / 29.07.2014

Un marker qui donne la banane

Le microcosme du blues français s’est agité ces derniers jours. Pensez donc, le 14 juillet 2014, jour de fête nationale, a vu une érection. Une première érection en plus, c’est dire combien cela compte. De quoi inspirer Bo Carter… Mais ne nous enflammons pas et don’t put your banana in some fruit basket, il ne s’agit que de l’érection d’une plaque commémorative de la Mississippi Blues Trail. Un (ou une, l’anglais aime se jouer des genres, ce qui en termes d’érection peut d’ailleurs générer quelque confusion…) blues marker, le premier en France, qui se dresse désormais fièrement à Cahors, et donc inauguré lors du festival de blues de la préfecture du Lot. Nous l’avons évoqué ici le week-end dernier. Et chacun se réjouit de cette reconnaissance à l’égard de ceux qui ont œuvré pour la propagation du blues en France, dont l’histoire ne date toutefois pas d’hier, ce que rappelle avec justesse le texte de la plaque. Les médias font bien entendu partie des humbles terrassiers de cette belle aventure, dont Jazz Hot et Soul Bag, respectivement depuis 1935 et 1968. Ou bien le magazine ABS, également invité sur le marker, et qui dès lors semble avoir ressenti une raideur côté bas-ventre en se disant heureux sur sa page Facebook d’apparaître aux côtés des « revues pionnières que furent Jazz Hot et Soul Bag ». Vous me pardonnerez la verdeur de mon propos, mais ce n’est guère bandant d’apprendre que Soul Bag appartient désormais au passé, que notre pencil won’t write no more, pour citer encore Bo Carter. Et un précédent portant sur un personnage illustre nous vient à l’esprit… Ainsi, en 1936, une revue à laquelle Rudyard Kipling était abonné avait annoncé prématurément la mort de l’écrivain britannique. L’auteur du Livre de la jungle s’était alors fendu d’une lettre à ladite revue, dans laquelle il écrivait : «Je viens de lire que j'étais décédé. N'oubliez pas de me rayer de la liste des abonnés.» Espérons toutefois qu’ABS ne nous rayera pas de sa liste d’abonnés. On n’est pas des pipes, quand même…
Daniel Léon