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Brèves / 23.01.2017

Tommy Tate, 1944-2017

Il a probablement manqué un vrai tube à Tommy Tate – l’équivalent de ce qu’a été If loving you is wrong pour son collègue de label Luther Ingram – pour que sa notoriété dépasse le cercle des fanatiques de soul, mais cela ne retire rien à l’importance de ses contributions, en tant qu’auteur et en tant qu’interprète, au genre.

Né en Floride, c’est à Jackson, dans le Mississippi que grandit Tommy Lee Tate. Après avoir chanté à l’église, c’est dès l’âge de 14 ans qu’il fait ses débuts professionnels du côté séculier dans les clubs locaux. C’est la rencontre avec Tim Whitsett, alors à la tête de l’un des groupes les plus populaires de l’État, l’Imperial Show Band, qui va faire décoller la carrière de Tate. Début 1965, l’orchestre l’accompagne sur son premier 45-tours, What’s the matter, qui paraît sur ABC, et Tommy devient dans la foulée leur chanteur principal, tout en continuant à publier différents 45-tours sous son nom. Quand Tim Whitsett est embauché comme auteur par Stax, Tommy rejoint également le label, d’abord comme chanteur – en remplacement d’Ollie Hoskins au sein des Nightingales le temps de deux remarquables 45-tours – puis en tant qu’auteur, écrivant entre autres pour Isaac Hayes, les Staple Singers, les Bar-Kays et les Soul Children. En parallèle, il signe également avec le plus que douteux Johnny Baylor, qui publie quelques 45-tours de Tommy sur son label Koko – un album, enregistré à l’époque, restera dans les cartons jusqu’au milieu des années 1990 – et fait enregistrer plusieurs de ses chansons par son principal artiste Luther Ingram. Il décroche même un petit tube en 1972 avec School of life, qui atteint la vingt-deuxième place du classement soul de Billboard.

 

 


L'album Juana de 1981

 

S’il publie encore quelques disques – l’album “Tommy Tate” pour Juana en 1981, en particulier, avec l’accrocheur For the dollar bill, samplé plus tard par Nas –, c’est surtout à l’écriture que se consacre Tommy Tate à partir de la fin des années 1970. Il devient en particulier un collaborateur régulier de Malaco pour qui, en plus d’écrire des chansons, il chante de nombreuses démos, en particulier destinées à Bobby Bland (certaines seront d’ailleurs compilées en 2008). Parmi ses compositions pour le label les plus notables figurent Straight from the shoulder, Get your money where you spend your time, Walkin’, talkin’ and singin’ the blues et Midnight run, créées pour Bobby Bland, When hearts grow cold, enregistrée en premier par Bobby Bland mais merveilleusement reprise par Otis Clay et Candi Staton, Nothin’ but the blues, That’s the way it is et That’s just a woman’s way, chantées par Johnnie Taylor, The woman I love, gravée par Little Milton et bien d’autres… Plus récemment, Malted Milk et Toni Green ont exhumé une de ses démos, I’d really like to know, pour leur album commun.

De graves problèmes de santé mettent un terme définitif à sa carrière au début des années 2000, sans qu’il ait jamais vraiment connu une reconnaissance à la hauteur de son talent.

Frédéric Adrian