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Chroniques / 27.04.2022

Sugaray Rayford, In Too Deep

Le partenariat entamé en 2019 entre Eric Corne et Sugaray avec “Somebody Save Me” ne leur ayant pas trop mal réussi (nomination aux Grammys et distinction aux Blues Music Awards), on comprend qu’ils continuent leur bout de chemin en gardant le même cap : une soul music classique, intemporelle dans sa conception, mais actuelle dans son propos. 

Propriétaire du label Forty Below (John Mayall, Walter Trout…), Corne signe un répertoire écrit spécialement pour son interprète, quelquefois à partir de son histoire. Sugaray, dix ans dans les Marines, lui a décrit ce stress post-traumatique tellement répandu parmi les anciens combattants, sujet des deux titres inauguraux, Invisible soldier, auréolé d’un arrangement de cuivres malin, et In too deep, à la guitare entêtante. Les préoccupations sociétales sont aussi bien présentes. Impossible de ne pas voir un appel à la résilience face à la pandémie dans Gonna lift you up qui prend des accents gospel. Pas prise de tête pour autant, le fond ne prend jamais le pas sur la forme. Des titres à écouter et à danser ! Comme le funky Miss Information avec guitare wah-wah, orgue Farfisa et percus ou la ballade soulful No limit to my love parée d’un arrangement léger pour cuivres et cordes et fermée par le solo de guitare d’Eamon Ryland. 

La voix chaleureuse de Sugaray révèle toutes ses nuances dans l’irrésistible Please take my hand, sur fond de percussions (tambour, handclaps, cloche) et de chœurs marmonnés, mais s’accommode bien aussi d’un titre plus sophistiqué comme le radiophonique One, la ballade soul country Golden lady of the canyon (Rick Holmstrom à la guitare) ou, pour clôturer l’album, le staxien United we stand, porté par la ligne de basse. Voilà de quoi patienter en attendant de revoir Sugaray Rayford sur scène, là où il exprime tout son potentiel. 

Jacques Périn

Note : ★★★★
Label : Forty Below
Sortie : 4 mars 2022