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Brèves / 17.09.2012

Sugar Boy Crawford, 1934-2012

Personnage à la destinée peu commune, le chanteur créateur de l’imparable Jock-a-Mo, qui avait récemment connu des problèmes de santé, s’est éteint le 15 septembre 2012 à l’âge de 77 ans. Né le 12 octobre 1934 à La Nouvelle-Orléans, James Crawford débute au piano et au trombone avant de former en 1951 un groupe orienté R&B et au nom curieux, Chapaka Shawee, qui obtient un petit contrat avec Aladdin (un single est enregistré fin 1952). La formation est repérée par Leonard Chess qui se trouve alors à La Nouvelle-Orléans, et qui organise une audition à la suite de laquelle il verse 5 dollars à Crawford. Un peu plus tard, tiré de la bande initiale, l’enregistrement ressort sous le titre I don’t know what I’ll do par Sugar Boy and his Cane Cutters… Fin 1953, Crawford, notamment accompagné d’un jeune guitariste de 17 ans, Snooks Eaglin, grave donc le très fameux Jock-a-Mo, qui deviendra un des hymnes de la musique néo-orléanaise. Désormais populaire, Crawford enregistre d’autres titres mais sa vie va prendre un virage tragique lors d’une tournée en 1963, quand il est pris à partie par la police qui le prend pour un activiste des droits civiques. Violemment frappé à la tête à coups de crosse, Crawford, dont une partie du crâne sera remplacée par une plaque de métal, mettra deux ans à se remettre de l’agression, devant littéralement réapprendre à marcher et à parler. Il délaisse ensuite le monde musical et s’occupe un temps d’une entreprise de serrurerie, et il faut attendre 1995 pour le voir réapparaître sur l’album « Let Them Talk » de son petit-fils Davell Crawford. Sans jamais vraiment revenir dans le milieu musical, Sugar Boy Crawford se produisait encore, ponctuellement et même de plus en plus souvent ces derniers temps, comme ce fut encore le cas en mai dernier au New Orleans Jazz & Heritage Festival (notre photo). Mais on ne saura donc jamais s’il aurait entrepris de relancer sa carrière…

Daniel Léon