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Interviews / 24.06.2022

“Sir” Oliver Mally, Rester simple

Né en Autriche en 1966, Oliver Mally se construit très tôt une culture musicale, à l’écoute de la musique que son père passe dans la voiture, Ray Charles, Fats Domino ou Randy Newman. Il attrape une guitare à 15 ans et ne l’a pas relâchée depuis, apprenant seul à jouer la musique qu’il aime. Il commence à se produire en public à 17 ans, a des engagements réguliers à 19 et devient professionnel en 1994. 28 années plus tard, il nous en parle.

Vous avez enregistré des disques sous votre propre nom et aussi sous celui du Blues Distillery. Qu’est-ce qui différencie ces deux projets ?

Le Blues Distillery n’existe plus depuis sept ans. Avec ce groupe, nous avons accompagné de nombreux artistes de passage. Mon autre projet “Sir” Oliver Mally Group est le genre de groupe qui me laisse tranquille quand j’en ai besoin. Mais c’est aussi le groupe qui me permet de travailler des détails dans les chansons. Et à côté de ça, je fais aussi beaucoup de concerts en duo ou en solo, ce que j’aime beaucoup aussi.

Justement, avez-vous commencé à jouer en solo ou en groupe ?

J’ai commencé en groupe et j’ai travaillé et tracé ma route jusqu’à pouvoir jouer en solo. C’est la partie la plus difficile de ce jeu. Mais une fois que ça fonctionne, tu as toute la liberté possible. Je peux insérer du Bob Dylan, du Townes Van Zandt ou du Steve Earle quand je veux.

Quand avez-vous commencé à accompagner des artistes en tournée ?

Quand on a formé le groupe, on jouait tous les gigs qu’on pouvait obtenir et on a fini par se faire un nom. Ça a attiré l’attention de certains festivals et certains propriétaires de club qui avaient besoin d’un groupe pour accompagner des artistes venus de l’étranger. Ça nous a donné l’occasion d’apprendre beaucoup. On a eu de la chance mais on l’a provoquée ! Un grand souvenir est Louisiana Red. Je n’étais pas vraiment prêt à l’accompagner mais je le voulais. La première chose qu’il m’a dite fut : « Tu veux jammer avec moi ? » J’ai répondu : « Bien sûr, ce serait un plaisir. » Et il a dit : « Bon, si tu ne m’énerves pas… » Et on est parti ! On ne s’arrêtait pas, il a fallu qu’ils coupent le courant, quelle nuit ! Il y a eu aussi Doug MacLeod, Big Lucky Carter, Sugar Blue, Steve James.

La scène autrichienne a toujours été riche, comment expliquez-vous ça ?

Il y a Raphael Wressnig qui marche vraiment fort. Nous sommes amis et j’aime ce qu’il fait. Il veut faire le job, y compris à l’international et ça marche ! Avant lui, Al Cook a eu un énorme impact localement. Mais il ne donne plus beaucoup de concerts. Le Mojo Blues Band est toujours actif et marche fort mais des gens comme Peter Samek ou Peter Kern ne jouent presque plus. Un de mes artistes autrichiens favoris est Ripoff Raskolnikov. Il écrit de superbes chansons. Écoute ce qu’il fait !

© Rudi Ferder

“J’ai commencé en groupe et j’ai travaillé et tracé ma route jusqu’à pouvoir jouer en solo.”

Oliver Mally

Comment le nouveau disque « Cancellation Blues » a-t-il été conçu ?

Après “Tryin’ To Get By” qu’on a fait un an avant, on n’y a pas tellement pensé. Mais après quelques concerts à l’été 2021, avec le grand Ian Siegal, on a décidé d’enregistrer une première session spontanée. Et ça a lancé le projet. Peter Schneider, qui a travaillé avec Ike Turner, Steve “Big Man” Clayton et The Stimulators, était dans le coin, et il est venu en studio avec nous, le pianiste Martin Gasselsberger et l’harmoniciste Hubert Hofherr. Ajoute deux jours de travail avec le reste de l’équipe et c’était fait !

Vous avez participé à Cognac Blues Passions en 2005. C’est votre seule tournée en France ?

Non, j’en ai fait deux autres. Mais sans personne pour s’occuper de trouver des engagements, c’est impossible. C’est un trop gros travail pour m’en occuper moi-même. Parce que j’ai plein d’autres choses à faire. J’organise des festivals depuis 26 ans, ce qui est une folie en ce moment.

Comment vous sentez-vous en tant que musicien maintenant que la période de pandémie semble toucher à sa fin ?

On dit que c’est fini mais ce n’est pas le cas. Les conséquences vont être très fortes sur la musique en public. Parce que les petits clubs ont fermé alors qu’ils rendaient les tournées possibles.

Quels sont vos projets ?

“Sir” Oliver Mally Group avec Peter Lenz et Alex Meik, et quelques invités. Des gens qu’on a rencontrés sur la route. Et je préparer une tournée avec Ian Siegal en avril 2023. Et des choses en solo, ça signifie tellement pour moi, et en duo. Réduit la taille et reste simple.

Propos recueillis par Christophe Mourot en avril et mai 2022.
Photos d’ouverture © Anna Maria Muchitsch

À écouter :
• “Cancellation Blues” (Blind Rope, 2022) ★★★½
• “Tryin’ To Get By” (Blind Rope, 2021) ★★★½

© Rudi Ferder