;
Brèves / 29.06.2016

Sir Mack Rice, 1933-2016

Quelques jours à peine après Chips Moman et Wayne Jackson, c’est un autre personnage important de l’histoire de la soul sudiste qui nous quitte en la personne de Sir Mack Rice, décédé le 27 juin. Bonny “Mack” Rice était né le 10 novembre 1933 à Clarksdale dans le Mississippi, où il comptait Ike Turner parmi ses amis d’enfance, mais c’est à Detroit qu’il avait commencé sa carrière musicale d’abord au sein des Five Scalders, avec lesquels il publie quelques 45-tours, puis, après une interruption pour cause de service militaire, avec les Falcons avec lesquels il enregistre dès 1957. Le groupe, composé, outre Mack Rice, d’Eddie Floyd, Joe Stubbs, Lance Finnie et Willie Schofield, décroche son premier tube en 1959 avec You’re so fine, qui atteint la deuxième place du classement R&B. Après quelques succès moindres, Joe Stubbs s’en va, remplacé par un jeune chanteur de gospel baptisé Wilson Pickett, et c’est la voix de celui-ci qui porte le tube suivant du groupe, I found a love, en 1962. Ce succès marque cependant la fin du groupe dans sa version initiale, et Mack Rice se lance dans une carrière solo pour le petit label de Detroit Lupine, où il joue également un rôle de mentor pour une jeune Betty Lavett… Rebaptisé Sir Mack Rice par son collègue Andre Williams, il décroche son premier tube personnel – 15e du classement R&B – en 1965 avec Mustang Sally, une chanson dont le titre lui a été suggéré par Aretha Franklin et qui devient un classique immédiat, repris par les Rascals puis par Wilson Pickett, avant de devenir un redoutable standard.

 

 

Ses disques suivants ne connaissent pas un succès identique, même s’il retrouve brièvement les classements avec Coal man en 1969. Il faut dire qu’entre temps, Mack Rice, qui a rejoint Stax à l’initiative d’Eddie Floyd, a développé une intense activité d’auteur-compositeur ainsi que de producteur occasionnel. De nombreux artistes Stax, de Rufus Thomas à Sam & Dave en passant par Eddie Floyd enregistrent ses chansons et certaines, comme Respect yourself, Cheaper to keep her et Cadillac assembly line, deviennent des tubes immenses ou des classiques respectivement portés par les Staples Singers, Johnnie Taylor et Albert King. Ses compositions sont également enregistrées par des artistes extérieurs à Stax, comme Ike & Tina Turner, Aretha Franklin et Bobby Womack.

À la fin des années 1970, il prend un peu de recul par rapport au monde de la musique, se contentant de publier ponctuellement quelques disques et de faire quelques rares apparitions publiques. Le don de l’écriture ne l’a pourtant pas quitté : en 1999, Robert Cray décroche un Grammy grâce à 24-7, une chanson cosignée par Mack Rice avec Jon et Sally Tiven. Sa venue au festival de Porretta en 2007 a donné une occasion unique à ses admirateurs d’entendre un des vrais pionniers de la soul sudiste et d’échanger longuement avec un artiste modeste et accessible, qui semblait sincèrement surpris de l’intérêt que les amateurs continuaient à porter à sa musique.

Frédéric Adrian

 


Porretta, 2007
© Isabelle Cœurdevey