Ludovic Louis, La Maroquinerie, Paris, 2024
15.10.2024
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“I’m A Dream” est son deuxième album et l’un d’un des tout meilleurs de l’année, rayon soul inspirée, option forte personnalité. Parée d’électro, de groove, d’atours pop comme de vibrations qui renvoient à des chants d’espoir sans âge, la musique de Seinabo Sey défie les bonnes vieilles cases. Est-ce pour cela, couplé à un mois de novembre toujours ultra chargé, que la petite salle des Étoiles est loin d’afficher complet ? En tout cas, soutenue par un groupe entièrement renouvelé depuis son Café de la Danse en mars 2016, la chanteuse suédoise a livré une prestation à la hauteur. Concise, intense, vibrante. Bien à l’image de ce “I’m A Dream” décidément marquant.
Mais c’est “Pretend”, le premier album, qui ouvre le bal. Le morceau titre puis Hard times, pour une mise en bouche musclée et un peu froide. Un tournant inattendu emmène ensuite le concert sur d’autres rives : ce Don’t let me be misunderstood (Nina Simone), pris tout en douceur avec envol dans les aigus, est d’une rare beauté. On frémit. Et puis I owe you nothing va briser la glace. Tambours retentissants et infrabasses tapissées au clavier donnent le change à une Seinabo Sey qui porte beau ses mots qui touchent.
À sa gauche, une choriste investie ; à sa droite, un habile guitariste au son clair. De quoi assurer une belle mise en relief d’un nouveau répertoire de haut vol : My eye et son spleen envoûtant, Remember et son imposante intro a cappella, Never get used to et son ondulation disco funk douce-amère. L’apport du bassiste est aussi loin d’être négligeable. Notamment lorsqu’il saisit sa 5-cordes pour appuyer le groove de petits bijoux nommés Breathe et Good in you. Sur ce dernier, un des rares titres enjoués, Sey ne cache pas son plaisir. Dans son écrin R&B pop, une vraie chanson irradiante. Son premier album refait une évidente réapparition avec l’attendu Younger, le grand tube qui l’a fait connaître, et Still, autre pépite qui imprime durablement notre centre émotionnel.
Atterrissage taillé sur mesure comme sur l’album avec Hold me as I land, à fleur de peau et en falsetto, tout en décollant avec les chœurs. Zéro posture, zéro chichi. Une voix intense, des mots forts, de l’audace. Seinabo Sey mérite largement meilleure exposition par chez nous.
Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious