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Chroniques / 24.05.2021

Robert Finley, Sharecropper’s Son

Le premier album, cela pouvait être la chance, le deuxième le résultat de la production experte de Dan Auerbach et de ses complices de studio… Avec ce troisième album, plus de doute : Robert Finley est bien une des voix soul et blues majeures de ce début de millénaire ! S’il s’était facilement glissé dans l’élégant costume taillé pour lui par son producteur pour “Goin’ Platinum!”, il a cette fois pris en main les commandes – notamment à l’écriture –, pour un album dont il explique ailleurs dans ces pages la nature autobiographique ancrée dans son histoire personnelle et notamment dans son enfance rurale. 

Le titre d’ouverture, le très puissant Souled out on you, fait le lien avec l’atmosphère du disque précédent, et notamment avec son imprégnation par le Memphis sound. La référence soul est à nouveau présente – grâce en particulier au Wurlitzer du vétéran ­Bobby Wood et à une section de cuivres percutante –, mais laisse place sur une bonne partie des titres à un ancrage blues racinien marqué par la présence de deux figures du genre, le guitariste Kenny Brown, “fils adoptif” de R.L. Burnside, et le bassiste Eric Deaton. Les questions d’étiquette n’ont cependant que peu de sens à l’écoute du disque, qui repose essentiellement sur la voix puissante et riche de Finley, qui va tutoyer les étoiles sur le très beau I can feel your pain, et sur la profondeur et la richesse de son écriture. 

Sur des titres comme Make me feel again ou My story, Finley part de son expérience propre pour toucher au cœur de quelques vérités essentielles. Le gospel All my hope, visiblement très personnel, apporte un final poignant à un disque sans faiblesse, le genre d’album qui donne de l’espoir dans la vitalité et l’avenir des musiques qui nous sont chères.

Frédéric Adrian

Note : ★★★★★ (Le Pied!) 
Label : Easy Eye Sound
Sortie : 21 mai 2021

Dan AuerbachEasy Eye Sound RecordsFrédéric AdrianRobert Finley