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Brèves / 07.03.2016

RIP C.L. Blast

Décédé le 26 février 2016, C.L. Blast faisait partie de ces artistes dont il est difficile de comprendre pourquoi il n’était pas devenu une vedette de la soul… Né, selon les versions, entre le milieu et la fin des années 1930 à Birmingham dans l’Alabama, Clarence Junior Lewis fait vite ses débuts dans le milieu de la musique au sein de l’orchestre du trompettiste Erskine Hawkins, avec lequel il se produit notamment au Minton’s Playhouse de Harlem. C’est sans doute là que l’entend le légendaire producteur Bobby Robinson, qui lui fait enregistrer un premier single dès 1955, Your heart must be made of stone. Le disque n’a pas de suite immédiate, Lewis faisant un séjour prolongé dans l’armée, mais le chanteur retrouve Robinson en 1960 pour qui il enregistre trois 45-tours. Mais c’est surtout comme auteur qu’il se fait remarquer à cette époque : son nom apparaît sur plusieurs des classiques publiés à cette époque par les labels de Robinson, comme The sky is crying (Elmore James), Fannie Mae (Buster Brown) et You broke your promise (Gladys Knight). Pendant les années qui suivent, il enchaîne les publications pour des labels prestigieux comme Columbia (sous le nom de Junior Lewis), Scepter, Pearltone et MGM dans un registre de soul urbaine sophistiquée qui vire parfois à la pop, sans décrocher le moindre tube. En parallèle, il ouvre un club et un magasin de disque dans sa ville natale, le Players Lounge and One-Stop Record Shop.

 

 

Peut-être parce que son travail de vendeur de disque le rendait sensible aux changements de mode, il décide en 1967 de réinventer sa carrière. Sous le pseudonyme de C.L. Blast, c’est désormais à la soul sudiste qu’il se consacre, avec un premier single enregistré à Memphis et publié sur Stax, auquel succède un 45-tours dans le même esprit sur Atlantic. Malgré la qualité de ces enregistrements, le succès n’est pas au rendez-vous et Blast continue ses pérégrinations sur différents labels. Une collaboration avec Wardell Quezergue donne lieu à différents disques qui paraissent sur Cresstown, Pelican et United. De retour à Birmingham, c’est avec Frederick Knight (et, ponctuellement, Sam Dees) qu’il travaille pour une série de disques qui paraissent sur Clintone, Juana et Cotillion (qui publie l'album “I Wanna Get Down” en 1980) et font sans doute partie des meilleurs moments de la soul sudiste de la décennie 70. Seule l’Afrique du Sud accorde du succès aux disques de Blast, et c’est là-bas qu’il enregistre son album suivant, “Made In Africa” (WEA, 1982), jamais réédité depuis.

 

 

De retour aux États-Unis, il retrouve Frederick Knight en 1984 pour un album et quelques singles sur le nouveau label de celui-ci, Park Place, qui marquent la fin de la carrière discographique de Blast. L’intérêt pour sa musique est renouvelé en 2008 quand paraît sur Soulscape une formidable anthologie, “Lay Another Log In The Fire – The Complete Juana Sessions:1976 to 1984”, mais sa santé ne lui permet pas d’en profiter, même s’il lui arrive encore de chanter à l’église.

Frédéric Adrian