Sam Moore (1935-2025)
11.01.2025
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Né à Beyrouth, au Liban, il découvre le blues et la guitare à l’adolescence et monte son premier ensemble, le Bliss Street Blues Band, créditant son approche racinienne au fait de n’avoir écouté pendant des années que B.B. King et Robert Johnson. Installé en Californie, il se fait remarquer dans les clubs locaux comme le Eli’s Mile High Club d’Oakland et sympathise avec des musiciens comme Joe Louis Walker. C’est ce même Walker qui produit à la fin des années 1980 le premier album de Grand, “Always Hot”, crédité à Otis Grand & The Dancekings. Installé en Angleterre, Grand y a en effet monté son propre orchestre avec des musiciens anglais. Instrumentiste non chanteur, il a fait appel à Earl Green pour assurer le rôle.
Devenu un des musiciens phares de la scène britannique – Grand lui-même est lauréat du prix du guitariste de l’année du magazine Blues Connection pendant sept années successives, à partir de 1990 et il est même invité en 1989 aux Transmusicales de Rennes –, il accompagne sur scène et sur disque, pour JSP, différents musiciens américains de passage comme Guitar Shorty, Phillip Walker, Rosco Gordon et Joe Houston… Joe Louis Walker est de retour aux manettes pour l’album suivant, “He Knows The Blues”, enregistré dans un studio lyonnais, qui sort en 1992 et auquel participent entre autres Jimmy “T-99” Nelson – avec qui il tourne en 1990 en France –, Pee Wee Ellis et Calvin Owens. Bien accueilli, l’album est même nommé pour un W.C. Award, un exploit pour un disque d’origine européenne, et il commence à se produire régulièrement aux États-Unis. “Nothing Else Matters…”, avec Kim Wilson, Curtis Salgado et Sugar Ray Norcia au chant, sort en 1994, suivi en 1996 par l’ambitieux “Perfume & Grime” auquel participent notamment Luther Allison, Eddie Bo et Joe Louis Walker.
Dans la foulée de ce disque et des concerts qui suivent, il apparaît en couverture du numéro 145 de Soul Bag, pour une interview dans laquelle il proclame fièrement : « Je suis un militant du blues. » En 1997, il est un des invités de Joe Louis Walker pour son album “Great Guitars” et pour la tournée qui en découle, dont la vedette principale est Ike Turner – l’occasion d’un concert mémorable à la Cigale. Dans la foulée, il devient le leader de l’orchestre de tournée européenne de Turner, qu’il accompagne notamment au Quai du Blues. Turner apparaît aussi sur l’album “Grand Union” qu’il enregistre avec Anson Funderburgh et Debbie Davies, auquel participent également les musiciens de B.B. King emmenée par le batteur Tony Coleman. Une “Live Anthology” parue au début des années 2000 vient clore cette période.
Un nouveau disque très réussi en association avec Joe Louis Walker, “Guitar Brothers”, sort en 2002. Il ne retrouvera qu’occasionnellement les studios par la suite, pour les albums “Hipster Blues” et “Blues ’65”, sortis respectivement en 2007 et 2012, ainsi que pour quelques apparitions en tant qu’invité sur des disques du Finlandais Slim Butler et des Espagnols du Granada Blues Band.
Un temps installé en France, il continue à se produire régulièrement, avec le soutien de l’agence française Rhésus Blues Productions, dans les clubs et les festivals jusqu’à la fin des années 2000, puis plus ponctuellement, avec une dernière date au Festival de Jazz de Draguignan en décembre 2015. Un concert filmé en 1998 paraît en DVD chez JSP en 2014 sous le titre “Blues From The Heart”. JSP qui a réédité ses albums avec d’autres artistes dans le courant des années 2010 et publié une compilation, “The Blues Sessions 1990-1994”. Une anthologie de ses disques personnels est sortie en 2002 chez Castle Music sous le titre “In Grand Style: Otis Grand Collection”.
Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © Brigitte Charvolin