Nice Jazz Fest 2024
05.09.2024
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Janvier commence très fort le 11 avec une grosse soirée dans la belle salle “Distillerie” du Black Shelter de Carquefou : Arnaud Fradin et Thomas Troussier en première partie, suivis de Max & the Freaky Buds. Les occasions de les voir ne manquent pas mais on ne s’en lasse pas tant leur talent est élevé, comme leur capacité à proposer des moments d’exception. Ce sera le cas ce soir avec Arnaud et Thomas sur You don’t have to leave me baby, son harmonica sonorisé en profondeur en utilisant un verre comme caisse de résonance, suivi par un solo de guitare interstellaire. Thomas se met encore en valeur sur Illinois blues, observé avec un bon sourire par Arnaud. La complicité des deux est évidente et fait plaisir à voir. Pas monolithiques par un sou, ils mélangent blues ancien et pièces plus récentes, n’hésitant pas à reprendre… Malted Milk ! C’est le It was your love de ce groupe qui clôt cette partie, avec la participation du public au chant.
On retrouve Thomas avec Max & the Freaky Buds, Max Genouel, voix et guitare, Hugo Deviers, batterie. Prisoner’s plea, Boogie Chillen, Hush hush, So low down, Poor black Mattie, si leur blues est downhome, il n’en puise pas moins dans un répertoire élargi dans la géographie et le temps. C’est solide et puissant, la guitare et l’harmonica se provoquent et se complètent à la fois, la batterie est en mode “tambours de guerre”, la tension monte continument, et ce n’est pas quand Arnaud Fradin les rejoint pour le Daddy has a gun du dernier disque de Malted Milk qu’elle va redescendre. C’est chaud, c’est top et c’est à Nantes.
Le 24 janvier, tout est encore normal ou presque puisque le sujet de l’épidémie commence à apparaître régulièrement dans les médias. Le Café Le Centre de Saint-Nazaire accueille les Deluxe Presidents. Quand un si bon groupe joue dans un endroit très sympa, la fatigue s’évapore. Fred Le Baron, guitare et chant, Thomas Troussier, harmonica, Sami Touré, guitare, Yann Renoul, basse, et Olivier Sueur, batterie, interprètent un répertoire intelligent, Muddy Waters, Arthur Alexander, Billy Boy Arnold, Jimmy McCracklin, Jimmy Reed, Sonny Boy Williamson n° 2, Kim Wilson, Little Walter, Paul DeLay, emmené par la gouaille du leader Fred. Le son est bon, les solos à l’harmonica ou aux guitares apportent de la folie, la rythmique est solide, voilà pourquoi on va voir ce groupe à chaque fois. C’est la soirée de sortie de leur nouveau disque, on ne repart pas les mains vides.
Le 27 février, Nico Duportal est au Buck Mulligan’s, avec une formation qualifiée de “& Friends”, Max Genouel à la basse, Fabrice Bessouat à la batterie, Julien Bouyssou aux claviers. Ce ne sont pas encore les Lowland Brothers mais ça commence à y ressembler. La concentration de talent est impressionnante, sous la houlette d’un vrai leader, le répertoire est varié, un instrumental au début du set, un shuffle à la fin, de la soul au milieu, et la bonne humeur est de mise. On allait encore au bureau le lendemain matin à l’époque, ce qui a obligé à partir après le premier set.
Le 7 mars, Jakez and the Jacks sont au Zygo Bar pour ce qui va être, sans qu’on le sache encore, le dernier concert avant un moment. Ils présentent leur nouveau disque et un set passé en leur compagnie permet de se gaver de Chicago blues, avec beaucoup de West Side, comme peu de groupes sont capables d’en jouer à ce niveau. Jakez est un leader crédible, avec un chant et un jeu de guitare qui se tendent et claquent aux bons moments, soutenu par ses complices Thomas Allain, guitare et harmonica, Julien Dubois, basse, et David Avrit, batterie. Ça remet la tête à l’endroit.
Le confinement commence une semaine plus tard et avec lui une longue série d’annulations de concerts et de festivals.
Grâce à Stéphane Colin, nous pouvons voir les Lowland Brothers en concert privé à Périgueux le 10 juillet, après une semaine de résidence. Le potentiel de la formation est évident, avec Hugo Deviers aux percussions et à la deuxième guitare, et Mathieu Burgot aux claviers, et certains moments sont de pure grâce. Fabio Izquierdo, Geoffrey Lucky Pepper, Sylvain Tejerizo, et Pierre Cherbero, font de bonnes apparitions.
Ce n’est que le 21 août que nous retournons en concert dans la région nantaise, précisément à la P’tite Case de Pornichet pour voir la nouvelle formation des Electric Dukes, composée de Jakez Rolland, voix et guitare, Nicolas Deshayes, guitare, Arnaud Gobin, basse, Bruno Denis, orgue et Cyril Durand, batterie. Avec Jakez, le west side Chicago blues n’est jamais loin mais il le tire ici vers plus de soul blues avec des reprises grand teint. L’ambiance est à la complicité, baignée d’effluves d’iode et de rhum, il faut faire la queue en portant son masque pour obtenir ti-punch et accras, mais tout est réuni pour passer un bon moment.
Les Rendez-Vous {In}Attendus, version adaptée des Rendez-Vous de l’Erdre, se déroulent du mieux possible du 24 au 30 août, nous en avons parlé par ailleurs.
Le 12 septembre, le Zygo Bar ouvre sa scène extérieure aux String Breakers. Après leur excellente prestation aux Rendez-Vous {In}Attendus, c’est un vrai plaisir de les retrouver, cette fois-ci sans les cuivres. Leur répertoire s’accommode tout aussi bien de cette formule, et la soirée se déroule sans anicroche, avec Solenne Sch qui participe aux chœurs, et François Nicolleau, Julien Broissand et Fabrice Bessouat, invités aux guitares et à la batterie.
Le 17 septembre, c’est la Brasserie du SNUC, qui propose une soirée dîner-concert avec Denis Agenet et les Nolapsters, François Nicolleau, guitare, Mathieu Fromont, harmonica, Max Genouel, contrebasse, Denis tenant la batterie et le chant, avec ce don pour trouver de juteux morceaux à reprendre. Joie de se retrouver, de jouer, de communiquer, de partager, ce grand petit orchestre est une valeur sûre et la soirée bascule rapidement dans une ambiance débridée. Plusieurs “usual suspects”, Nico Duportal, Solenne Sch, Fabrice Bessouat, Arnaud Fradin, Hugo Deviers, font des apparitions pour clôturer le concert.
Le 25 septembre, nous découvrons le restaurant Les Ped’zouilles Se Re Beef à Bouguenais, qui lance sa programmation avec un dîner-concert du Blues Organ Combo, sur réservation, règles sanitaires obligent. Le trio est emmené par Julien Broissand à la guitare et au chant, accompagné de Bruno Denis à l’orgue et Deborah Tropez à la batterie. Comme attendu avec Julien, le répertoire est pointu, rempli de reprises de Al Hibbler, Lee Dorsey, Little Willie Johnson, William Bell, Ray Charles, Fletcher Henderson, Fats Domino, Horace Silver, Bill Jennings, et d’autres encore, mais propose aussi des originaux bienvenus comme Florida boogaloo en clôture. Le jeu de guitare de Julien est plus laid back que jamais, Bruno groove avec le sourire et Deborah rythme tout ça d’une façon jazzy très agréable. En fin de concert elle laisse la place au très impressionnant jeune Eliott et au tout aussi jeune Patrick Broissand. Information importante : la nourriture est excellente.
Le lendemain 26 septembre, retour au Zygo Bar pour découvrir les Mockingbirds & the Blues Committee avec Gaël Roul au chant et à l’harmonica, Nicolas Deshayes et Pierre Dubigny aux guitares, Yann Renoul à la basse et Cyril Durand à la batterie. Blues sudiste mais aussi de Chicago, incursion chez Creedence Clearwater Revival, voix de caractère, bien placée, efficacité et sobriété de l’harmonica, complémentarité des deux guitares, rythmique solide, reprises de Fats Domino, Lazy Lester, Eddie Taylor, Howlin’ Wolf, Memphis Minnie, Frank Frost, ce groupe a ce qu’il faut pour se faire une place durable. Max Genouel et Fabrice Bessouat les rejoignent en fin de concert.
Signalons une nouvelle incursion le 3 octobre dans le Sud-Ouest à Cahors où nous découvrons Samarabalouf, excellent trio guitare, violon, contrebasse, qui joue une musique joyeuse, mélange de jazz manouche, rock et musiques orientales, grâce à laquelle on passe une très bonne soirée.
Le concert suivant prend place le 15 octobre au Café Sur Cour de Nantes avec le trio Sweety Grinders d’Igor Pichon à la guitare et au chant, Cédric Le Goff aux claviers et au chant et Stéphane Stanger à la batterie. Un tel format et une telle composition laissent augurer un moment funky, jazzy et bluesy, et c’est bien ce qui se passe. Reprises de Jimmy Smith, Johnnie Bassett, Eddie Vinson, Meters, Howlin’ Wolf, et bien sûr des Flyin’ Saucers Gumbo Special, ça groove à tous les niveaux, guitare sensible, orgue mouvant, batterie entrainante, et voix stratosphérique de Cédric. Les règles de distance sociale empêchent l’ambiance d’être aussi chaude que la musique le mérite mais le public apprécie et participe.
Alors qu’un nouveau confinement se profile, les nouvelles annulations de concerts et de festivals s’accumulent, ce qui clôt plus que certainement l’année 2020. Il reste les prestations en ligne, organisées par de nombreux musiciens en France et ailleurs, qu’on peut soutenir en versant directement une contribution financière ou en achetant leurs disques auprès d’eux.
Texte et photos : Christophe Mourot
Photo d’ouverture : Max Genouel et Nico Duportal