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Brèves / 17.11.2016

MOSE ALLISON, 1927-2016

Il était jazz et blues ; du Sud et du Nord ; pianiste et vocaliste ; drôle et sérieux. Et il n'avait pas de problèmes avec la vie, c'était juste mourir qui l'ennuyait (« I don't have trouble livin' / It's just dyin' that bothers me »). Ce 15 novembre 2016, la musique américaine a perdu un passeur entre les bluesmen noirs-américains et les jeunes Britanniques des sixties, un “entertainer-instructeur” qui a longtemps donné plus de deux cents concerts par an et qui a publié une trentaine d'albums sur des labels tels que Prestige, Columbia, Atlantic et Blue Note.

 

 

Mose Allison était né il y a presque 89 ans jour pour jour, le 11 novembre 1927, dans le Mississippi, dans une ferme du bayou que tient alors son grand-père et que signale aujourd'hui un panneau du Mississippi Blues Trail planté à Tippo. Il apprend le piano dès l'âge de 5 ans, découvre le boogie-woogie à sa source et le blues au jukebox. À 14 ans, il écrit ses premières chansons dans le style de Louis Jordan et décroche un succès local en parodiant une pub radio. Il étudie la littérature et la philosophie à l'Université, mais rate l'examen final pour cause de boulot décroché dans un tripot de Jackson. Un temps trompettiste, il opte définitivement pour le piano et gagne New York en 1956 où il accompagne notamment Al Cohn et Zoot Sims. Puis, dès l'année suivante, c'est l'indépendance, la parution d'un premier album dans un style unique qui ne variera qu'à la marge : vif, subtile, à la fois nonchalant et piquant, farceur et profond. « Je suis un illusionniste », dira Mose Allison à Ben Sidran. « Je crée l'illusion d'originalité en assemblant des choses d'une manière qui n'avait jamais été faite auparavant. »

En Grande-Bretagne, John Mayall, Georgie Fame puis Van Morrison sont des fans et les Who reprennent son Young man's blues ; outre-Atlantique, Paul Butterfield, Johnny Winter, Al Kooper lui doivent une partie de leur découverte de Willie Dixon ; en 2010, Joe Henry a produit son dernier album studio. Aussi superbe que tous les autres.

Julien Crué