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Chroniques / 03.06.2020

Malia, Garden Of Eve

Malia possède une voix large, envoûtante et enveloppante. On pense à la grande Lizz Wright, mais avec un côté espiègle que n’a pas forcément l’Américaine. Malia, elle, est afro-britannique : originaire du Malawi, elle est installée à Londres mais elle ne rechigne pas à travailler à l’échelle européenne. Après avoir notamment collaboré avec le Français André Manoukian, la voici aux côtés de musiciens et producteurs allemands, Nis Kötting et Lars Cölln, pour un album enregistré à Hambourg. 

L’atmosphère est acoustique et dépouillée ; le groupe est restreint, il n’y a jamais plus de quatre musiciens en plus de la chanteuse ; mais le résultat est étonnamment varié, avec ici une trompette bouchée, là un passage d’harmonica, ailleurs un chœur masculin ou encore un banjo country. Il y a deux reprises de classiques blues, totalement revisités : The thrill is gone, cher à B.B. King, ici superbement accéléré et modernisé ; et Love in vain de Robert Johnson, placé en fin d’album et dont la teneur douce-amère résume bien la tonalité de ce qu’on vient d’écouter.

Avec Malia, on est dans le clair-obscur : elle le chante d’entrée, elle est accro à l’espoir (Hope), elle croit aux lendemains qui chantent (Freedom) et elle n’a pas peur de la mort (Death), mais ses morceaux sont des chansons de combat, dans le sillage de Nina Simone à qui elle a déjà consacré un beau disque de reprises (“Black Orchid”, 2012). Un timbre parfois cassé et des modulations, caressantes, sont des atouts évidents pour servir ces quelques méditations chantées que l’on verrait déclinées sur scène avec plaisir. Mine de rien, Malia se fait une place dans notre paysage sonore. 

Julien Crué 

Note : ★★★★
Label : MPS
Sortie : 20 mars 2020

Julien CruéMalia